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Comments 118

"Les gens qui votent pour ça (FN) soit ils ne comprennent rien, soit ils sont racistes" - Thomas Porcher

Je plussoie 😑, bon je pense que même ceux qui n'y comprennent rien parmi eux doivent être animés par un affect raciste.

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Le RN en passe d'obtenir une majorité absolue
  • Bolloré et ses amis ont bien taffé.

    Une fois au pouvoir ce type de force gangrène (de manière discrète) au fil du temps toutes les institutions. S'en débarasser, une fois qu'on a compris leur escoquerie, ne passe en général pas par les urnes.

    La question est : comment détoxifier le cerveau des cnewsnisés & Europunnisé (sans être méprisant) ?

  • Qu’est-ce que la sous-bourgeoisie ?

    > Mon ami T. me racontait comment, dans la société informatique où il est ingénieur, lui et ses collègues techniciens sont encadrés par de très nombreux “product managers” et autres “project owners”, dont le métier réel est difficile à cerner pour leurs subordonnés directs. Organiser des réunions, lancer des groupes de travail sur tel ou tel sujet, “coordonner” le travail des autres, c’est-à-dire envoyer des mails… Hormis leur diplôme d’école de commerce, leur plus-value dans l’organisation du travail de l’entreprise est difficile à saisir. On pourrait dire, comme le fait l’anthropologue David Graeber dans son article “sur le phénomène des jobs à la con” qu’il s’agit là de “bullshit job”, des métiers dont même ceux qui l’exercent ne parviennent pas à lui donner un sens.Mais ce serait faire l’impasse sur l’objectif premier et essentiel d’une organisation du travail en monde capitaliste : faire remonter le plus de profit possible aux actionnaires. Si on laissait mon ami T. et ses collègues s’organiser eux-mêmes, sans la masse de managers, de contrôleurs, de responsables RH, etc., on ferait, certes, de belles économies de masse salariale et on dégraderait la situation financière de toute une génération de jeunes diplômés d’école de commerce. Mais surtout, on donnerait à T. et ses collègues la possibilité de bien faire leur travail : entretenir de bonnes relations avec les entreprises clientes de leur service informatique ; respecter la durée hebdomadaire de travail ; collaborer entre collègues ; facturer au juste prix, voire proposer des missions à bas coût pour des associations… L’être humain peut être vraiment terrible quand il s’agit de ne pas chercher uniquement à produire du fric !

    > Or, rappelons que dans une entreprise capitaliste, l’objectif n’est pas simplement de faire tourner la boutique, mais de générer un surplus toujours plus important pour les actionnaires. C’est pourquoi un état-major est déployé pour faire en sorte que le travail soit optimisé vers la remontée de profit, et rien d’autre. Et ce, même si durant ces dernières années, on a vu émerger tout un secteur fait de consultants en “bien-être”, en “qualité de vie au travail” et en psychologie positive chargés d’aller chercher la source de profit encore plus profondément dans la psyché des individus, le tout mâtiné de bons sentiments.

    -_-

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    blog.mondediplo.net Le scénario manquant

    Par Frédéric Lordon (La pompe à phynance, Les blogs du Diplo, 27 juin 2024)

    Le scénario manquant

    Par commodité, on partira du pronostic apparemment le plus probable, livré par l’institut de sondage universel OPIF : pas de majorité absolue. Dans ces conditions il y a : 1) les chambres un peu trouvables, 2) la chambre introuvable. La différence tient à l’existence, ou non, de solutions de coalition à peu près stables. Quant aux chambres un peu trouvables, elles sont le lieu des exercices de Meccano : quel bout avec quel bout ? Les esprits combinatoires en sont surexcités. Mais si elle est introuvable – pour de bon ? C’est dans ce cas de figure que les imaginations patinent un peu.

    > La seule hypothèse réaliste, confronté à ce « seul personnage », c’est qu’il est capable de tout, et qu’il faut s’attendre à tout.

    0

    MacTutor - a nice ressource for Mathematic enthusiasts

    MacTutor is a free online resource containing biographies of more than 3000 mathematicians and over 2000 pages of essays and supporting materials.

    MacTutor is constantly expanding and developing.

    MacTutor was created and is maintained by Edmund Robertson and John O'Connor of the School of Mathematics and Statistics at the University of St Andrews, and is hosted by the University Their contributions to the history of mathematics have been recognised by Numerous Awards including the Hirst Prize of the London Mathematical Society in 2015.

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    Quelle est la dernière œuvre d'art (peinture, musique, architecture, photographie, littérature) qui vous a marqué•e ?
  • La belle adaptation du Roi Singe (Sun Wu Kong), le Voyage vers l'Ouest !!

    Par Chaiko (Cai Feng)

    Une histoire qui a bercé mon enfance, surtout les différentes adaptations TV (Séries), pourtant en la redécouvrant je remarque que cette oeuvre est bien plus profonde qu'elle n'y paraît.

  • Tuto : reconnaître le fascisme

    Et reconnaître un facho sympa 😉

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    Le FN pour essayer (ou en apprendre plus sur les votants facho 😨)

    www.radiofrance.fr Le RN pour essayer

    Rencontre avec trois électeurs qui ont choisi l’extrême droite récemment ou depuis longtemps, cadres sup, ouvriers, jeunes ou moins jeunes. Essayer de comprendre leur choix, savoir ce qui les motive, quelle est leur vie, leurs avis.

    Le RN pour essayer

    Rencontre avec trois électeurs qui ont choisi l’extrême droite récemment ou depuis longtemps, cadres sup, ouvriers, jeunes ou moins jeunes. Essayer de comprendre leur choix, savoir ce qui les motive, quelle est leur vie, leurs avis.

    Dans les Côtes-d’Armor, dans l’Aisne et en Seine-et-Marne, Martine Abat et Rémi Dybowski-Douat sont partis à la rencontre de quatre électeurs du Rassemblement National, convaincus depuis longtemps ou à peine ralliés au mouvement.

    Bon... Comment dire -_-...

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    Pour vous que veut dire “l'humanité est faite d'une étoffe que la machine ne peut synthétiser” ?

    Extrait à la min 52 et 28s

    Vous avez 24 h pour répondre.

    https://youtu.be/btFW5kwowec?t=3292

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    Faudrait-il mettre en place un permis de vote (ou une formation d'éducation au vote) ?

    Quand j'entends que telle personne a voté parce qu'untel est beau, ou parce que son conjoint vote untel, ou bien encore parce qu'il y avait un chat dans un clip... 😑

    Si oui, qu'y mettriez-vous dedans ?

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    Jérôme Peyrat
  • Non, lui ça ne compte pas.

    À droate ce genre d'affaires n'a que peu d'impacts sur l'électorat ciblé, mais l'électorat en question pointera en revanche les moindres défauts des candidats de gôche.

  • La traversée (un conte malheureusement contemporain)

    www.arte.tv La traversée - Regarder le film complet | ARTE

    Forcés à l’exil, Kyona et son petit frère Adriel traversent un continent imaginaire, à la recherche d’un monde meilleur... Conte poétique et humaniste, le sublime premier long métrage d'animation de Florence Miailhe ("Hammam", "Conte de quartier").

    La traversée - Regarder le film complet | ARTE

    Les 8 derniers jours pour visionner cette émouvante peinture animée

    Forcés à l’exil, Kyona et son petit frère Adriel traversent un continent imaginaire, à la recherche d’un monde meilleur... Conte poétique et humaniste, le sublime premier long métrage d'animation de Florence Miailhe ("Hammam", "Conte de quartier").

    Dans un pays indéfini, Kyona, 13 ans, son petit frère Adriel et leurs parents sont contraints de fuir leur village de Novi Varna, livré à la guerre civile, aux pillages et à la haine. Alors que la famille, baluchon sur l’épaule, a réussi à embarquer dans un train, les deux enfants sont bientôt séparés de force de leurs parents. Ensemble, ils devront poursuivre leur route seuls à travers des contrées inconnues, affrontant d’innombrables dangers…

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    Comme un sale parfum (brun). Causerie avec l’historien Johann Chapoutot

    www.auposte.fr Comme un sale parfum (brun). Causerie avec l'historien Johann Chapoutot | Au Poste média libre & indépendant

    Histoire | Gramsci nous avait prévenus: «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres». Avec l'historien Johan Chapoutot, nous allons tenter, justement, de voir clair dans nos temps obscurs. Où sont les monstres? Le cadavre du Vieux mon...

    Comme un sale parfum (brun). Causerie avec l'historien Johann Chapoutot | Au Poste média libre & indépendant

    Sommes-nous dans un « remake des années 30 » ? Johann Chapoutot, historien spécialiste de la période, assume de s’exprimer sur le présent depuis les connaissances qu’il produit, en premier lieu parce que la communication du gouvernement ne se prive pas, bien au contraire, de convoquer des figures du passé. En rappelant les faits historiques et en analysant l’enchaînement des événements, le travail de l’historien casse les tentatives de récupération et de détournement, largement grossières, auxquelles la Macronie nous habitue : le CNR, les « jours heureux », plus récemment les accords de Munich…

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    micromobility - Ebikes, scooters, longboards: Whatever floats your goat, this is micromobility @lemmy.world xiao @sh.itjust.works

    Dogs and cyclists

    Is it me or there are way too many people that use to walk their dogs on cycle paths 😑 ? Any solution suggested ?

    Note : I do precise that I love animals.

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    Comment fut inventé l’astronaute

    www.monde-diplomatique.fr Le Monde diplomatique

    Le Monde diplomatique, mensuel critique d’informations et d’analyses

    Le Monde diplomatique

    Ci-dessous je partage un article du Diplo en relation avec mon post d'hier Abonnez-vous si vous le pouvez 👍

    En 1955, ABC diffuse Man in Space. Quarante-deux millions de téléspectateurs regardent ce documentaire produit par les studios Disney ; la moitié des Américains l’auront vu après sa rediffusion en 1956 ; et 38 % d’entre eux estimeront possible d’aller prochainement sur la Lune contre 15 % en 1949 (1). Des romans de Jules Verne à Interstellar (Christopher Nolan, 2014), la fiction présente la conquête spatiale comme l’accomplissement d’un rêve. L’assouvissement d’un désir naturel, universel, atemporel. Pourtant, il a fallu fabriquer le consentement à l’espace. Les retombées scientifiques que permettrait son exploration ou la conscience planétaire née des images satellitaires de la Terre y ont contribué. De même que la figure de l’astronaute et son héroïsation.

    Les astronautes incarnent non seulement le voyage vers l’espace en tant que tel, mais aussi les valeurs de leur pays d’origine. Youri Gagarine, premier homme placé en orbite en 1961 par l’URSS, est avant tout choisi en raison de ses origines paysannes modestes et de son parcours collant ainsi au plus près à l’idéal de l’homme soviétique. Beaux, mariés à de belles femmes, loyaux, patriotes, blancs, émotionnellement stables, prêts à prendre des risques… les États-Unis sélectionnent dès 1959 les sept astronautes du groupe « Mercury Seven » — les tout premiers — avec cette même idée de représenter le peuple américain. Talentueux pilotes de chasse, ils personnifient la compétence en matière technologique, le sens du devoir et le courage nécessaire à l’accomplissement d’une mission sacrée au service de leur pays. Les foules les adulent avant même qu’ils n’aient parcouru le moindre kilomètre à la verticale.

    Les critères physiologiques qui préjugent de leur sélection sont cependant encore peu clairs. Les premiers tests réalisés par le National Advisory Committee for Aeronautics (le NACA, devenu la National Aeronautics and Space Administration [NASA] en 1958), censés attester leur fiabilité, semblent avoir été conçus pour les conditionner et les humilier au maximum : ils sont photographiés nus, soumis à différents appareils intrusifs et à toutes sortes d’expériences. L’idée même de recruter des pilotes de chasse ne va pas de soi. Avant que le président Dwight Eisenhower ne valide ce choix, tout est envisagé : joueurs de base-ball, trapézistes, alpinistes, médecins ou professeurs. Mais, à la fin des années 1960, l’agence cherche avant tout un profil de « superman ordinaire », selon la formule de l’historien Gerard DeGroot (2) : le gendre idéal et bien rangé auquel tout le monde peut s’identifier, de préférence pas trop exubérant. Les pilotes sont donc des militaires, dociles, dotés des bonnes habilitations de sécurité et familiers des combinaisons pressurisées.

    Leurs premiers pas dans l’environnement naissant qu’est l’astronautique ne sont pas simples. Aux débuts de l’ère spatiale, les Mercury Seven font face au double défi de démontrer leur utilité à l’extérieur, vis-à-vis du grand public, comme à l’intérieur, face aux scientifiques et aux ingénieurs dont les corps de métier sont déjà constitués. Les premiers êtres vivants envoyés dans l’espace par les Américains sont des singes, et il s’agit pour les astronautes d’expliquer en quoi leur présence là-haut a plus de valeur ajoutée que celle des primates. La réalité du métier se résume alors à s’asseoir dans une capsule exiguë et à supporter ses turbulences jusqu’à la mise en orbite. Une fois dans l’espace, il n’est pas encore question de batifoler en apesanteur. Puis viennent la redescente et de nouvelles turbulences lors de cette opération très risquée de rentrée dans l’atmosphère terrestre. Les scientifiques, peu enthousiastes à l’idée de s’embarrasser de systèmes de survie lors de vols largement automatisés, pensent même à droguer les astronautes dans la capsule, non pas pour les protéger des désagréments du voyage, mais pour éviter qu’ils n’appuient sur le mauvais bouton. À bord, ils n’ont alors pas plus d’autonomie qu’un passager d’une compagnie aérienne classique, qu’on « autorise à ajuster son siège, sa tablette et le volet du hublot », ironise DeGroot.

    Des pionnières socialistes

    De prime abord, l’idée de rendre publique la vie des astronautes ne récolte pas les faveurs des dirigeants politiques américains ni celles de la NASA. D’abord réticents à laisser filer l’image de leurs poulains dans les médias de masse, ils finissent néanmoins par s’y résigner, y voyant un avantage certain pour maintenir l’intérêt du public pour le vol habité. Les Mercury Seven sont autorisés à vendre leur image à Life en 1959, sous réserve que le magazine s’en tienne à leur vie privée officielle et au soutien inconditionnel de leurs familles et de leurs enfants à leurs dangereux exploits. Les nombreuses affaires extraconjugales, pourtant bien connues des reporters, sont passées sous silence. Plus généralement, la vie des astronautes est idéalisée, alors que leurs tâches s’étendent à ce qu’il convient de nommer une « fonction promotionnelle » : ils partent en tournée et répètent à l’envi les mêmes discours dans des écoles, à l’occasion de séminaires de motivation en entreprise…

    En quelques années à peine, ils se muent en icônes culturelles : de nouveaux héros symbolisant la toute-puissance technologique des États-Unis, et aussi une certaine idée de la masculinité et de la virilité. Les premières combinaisons d’astronautes du programme Mercury sont peintes à la bombe argentée pour leur donner un aspect plus futuriste. Au cinéma, ils sont experts en combat rapproché dans le James Bond de 1967, On ne vit que deux fois, et armés de lasers dans une scène épique de Moonraker en 1979. Et il n’est toujours pas question d’envoyer des femmes dans l’espace, malgré des performances physiques similaires sinon meilleures que celles des hommes, et malgré le premier vol spatial de la Soviétique Valentina Vladimirovna Terechkova en 1963 — il faudra attendre encore vingt ans pour qu’une Américaine, Sally Ride, s’y rende.

    Après la conquête de la Lune, en 1969, la célébrité et l’héroïsme ne suffisent plus à légitimer la présence d’astronautes dans l’espace. Pour recueillir un maximum de soutien, la NASA a besoin d’un nouveau récit, et d’employer des métaphores dépassant les habituelles références à la frontière. Dès les années 1970, et plus encore dans les années 1980, ce récit valorise la routinisation de l’accès à l’espace (à bord de la navette spatiale), et sa déclinaison humaine, l’astronaute comme travailleur orbital, chargé de monter la station et de réaliser des expériences scientifiques à son bord. « Aller dans l’espace rime avec aller au travail », écrit l’historienne ­Valerie Neal (3). Des années durant, les astronautes construisent en orbite des stations, morceau par morceau, une activité que de nombreuses images illustrent à l’envi. Côté soviétique, des cosmonautes issus de pays alliés sont invités dans la station Saliout. On compte parmi eux le Vietnamien Pham Tuan en juillet 1980, pilote ayant abattu un avion américain B-52 pendant la guerre du Vietnam et premier Asiatique dans l’espace : la machine symbolique tourne à plein régime. Depuis l’orbite, il constate les dommages environnementaux produits par l’usage d’agent orange, un défoliant déversé par l’armée américaine au-dessus des forêts vietnamiennes et sur des cultures vivrières de 1962 à 1971.

    Les décennies 1980 et 1990 voient également voler plus de femmes et de personnes non blanches. La NASA comprend bien la nécessité de mieux représenter la diversité de la population dans l’espace, alors que les critiques vont bon train quant à l’utilité de la navette, et plus largement de la science en orbite. L’idée que n’importe qui peut voler dans l’espace atteint son paroxysme en 1986, quand la professeure des écoles Christa McAuliffe est sélectionnée pour un vol sur Challenger dans le but d’inspirer les élèves du pays. La navette explose après soixante-treize secondes de vol. C’est un drame national qui rappelle que malgré la routinisation du vol spatial (encore loin d’être acquise), ce n’est pas une activité comme les autres.

    À l’aune de ces événements, il faut lire le rôle actuel des astronautes aux États-Unis, en France ou encore en Chine. Comme Gagarine et les Mercury Seven, l’astronaute Thomas ­Pesquet occupe aujourd’hui, en France, une triple position de héros, de vedette et d’homme ordinaire. On en est fan comme on adore Jenifer, l’abbé Pierre et Jean-Jacques Goldman, tout en reconnaissant que l’homme de l’espace est le fruit d’une super-sélectivité. Ce statut de héros moderne se marie ainsi parfaitement avec l’idéal de l’homme simple, celui qu’on apprécie précisément parce qu’il ne complexe pas ses admirateurs. Dans un livre où il ­s’interrogeait sur l’utilité du voyage sur la Lune, le philosophe Günther Anders remarquait déjà que les astronautes étaient héroïsés autant que « médiocrisés » car, « pour être admiré comme un héros dans les démocraties de masse, les individus doivent être d’une nature telle, ou du moins être présentés de telle manière que tout le monde puisse se reconnaître en eux et s’identifier » (4).

    Ces gars du coin assurent et rassurent, tant par leur compétence que par leur proximité et leur normalité, à l’image du Canadien Chris Hadfield, qui, depuis la Station spatiale internationale, explique l’importance de se relier aux gens y compris « en se filmant, [se] rasant, buvant et mangeant des cacahuètes en apesanteur (5) ». Car l’astronaute du XXIe siècle est aussi un influenceur adepte des réseaux sociaux numériques, bien que ses interventions soient largement contraintes par les lignes directrices des agences employeuses : avoir une attitude positive, s’en tenir aux déclarations convenues sur la beauté de la Terre et la fragilité de son climat, ne pas trop aborder la pollution due au nombre croissant de débris dans l’espace. L’astronaute italienne Samantha Cristoforetti a pris le parti de pousser les jeunes générations à s’intéresser aux carrières scientifiques : elle sert de modèle (role model), notamment via un partenariat avec Mattel, qui vend une poupée Barbie à son effigie.

    7,5 millions de dollars par jour

    Ces éléments expliquent pourquoi M. Pesquet, 550e homme à partir dans l’espace et 10e Français, jouit, depuis les années 2010, d’une telle célébrité, bien plus forte que celle de ses prédécesseurs. Une célébrité parfaitement orchestrée et chorégraphiée par l’Agence spatiale européenne (ESA). Qu’il s’agisse de sport, de musique ou d’enjeux caritatifs comme les Restos du cœur, M. Pesquet est partout et cultive cette image de gars sympa à qui rien ne peut être décemment reproché. L’astronaute sait y faire, titillant les sentiments patriotiques ou régionalistes avec ses photographies choisies (la Bourgogne et ses vins à la réputation internationale « amplement » méritée, la Bretagne, cette « silhouette familière » qui ferait un joli fond d’écran), livrant ses pensées poétiques sur le dérèglement climatique tout en immortalisant les incendies en Grèce, au Canada, en Californie ou en Turquie en 2021.

    La double casquette de vedette nationale et d’ambassadeur des programmes habités présente l’avantage de s’adapter aux différentes revendications sociales pouvant surgir ici et là. La direction de la NASA, par exemple, est tout à fait lucide quant au manque de représentativité de ses astronautes, qui sont encore aujourd’hui très majoritairement des hommes blancs. Personne ne le dit mieux que Mme Lori Garver, administratrice adjointe de l’agence de 2009 à 2013 : « Diversifier les équipages d’astronautes fournira des “role models” et des bouffées d’espoir pour les gens qui ne se voient que rarement représentés dans de telles positions (6). » C’est bien pour cette raison que les États-Unis ambitionnent d’envoyer sur la Lune la première femme et la première personne « de couleur » dans le cadre du programme Artemis, qui prévoit le retour d’astronautes sur la Lune en 2026. Après s’être inscrite dans la lignée des acteurs du petit et du grand écran, après avoir intériorisé les inquiétudes écologiques, la figure de l’astronaute pourra incarner l’apaisement à l’endroit des injustices de genre, de race, de handicap.

    Quant à savoir à quoi servent les astronautes, leurs stations, leurs recherches, c’est bien là un serpent de mer. Le coût d’une journée sur la Station spatiale internationale s’élève à 7,5 millions de dollars par astronaute, lancement compris, soit 315 000 dollars de l’heure. À ce tarif, difficile de justifier des études scientifiques menées à bord (7). Un argument souvent employé pour leur trouver une utilité consiste à rappeler que ce sont cinq visites humaines depuis la navette spatiale qui ont permis de réparer en orbite le télescope Hubble en 1993. Mais cela s’est alors fait au prix de la construction et de l’envoi de sept télescopes équivalents…

    Irénée Régnauld & Arnaud Saint-Martin Respectivement consultant et sociologue. Auteurs d’Une histoire de la conquête spatiale. Des fusées nazies aux astrocapitalistes du New Space, dont ce texte est adapté, à paraître le 2 février, La Fabrique, Paris, 2024.

    (1)  David Meerman Scott et Richard Jurek, Marketing the Moon : The Selling of the Apollo Lunar Program, The MIT Press, Cambridge (Massachusetts), 2014.

    (2)  Gerard DeGroot, Dark Side of the Moon : The Magnificent Madness of the American Lunar Quest, Vintage, Londres, 2008.

    (3)  Valerie Neal, Spaceflight in the Shuttle Era and Beyond : Redefining Humanity’s Purpose in Space, Yale University Press, New Haven, 2017.

    (4)  Günther Anders, Vue de la Lune. Réflexions sur les vols spatiaux, Héros-Limite, Genève, 2022.

    (5)  Olivier Dessibourg, « “L’exploration spatiale n’a rien de magique, c’est juste de l’exploration” », Le Temps, Genève, 22 mai 2016.

    (6)  Lori Garver, Escaping Gravity : My Quest to Transform NASA and Launch a New Space Age, Diversion Books, New York, 2022.

    (7)  Donald Goldsmith et Martin Rees, The End of Astronaut : Why Robots Are the Future of Exploration, Harvard University Press, Cambridge (Massachusetts), 2022.

    Courrier des lecteurs

    À la suite de l’article « Comment fut inventé l’astronaute » (février), M. François Saint Lager, professeur dans le secondaire en Belgique, livre ses réflexions sur les conséquences de la privatisation croissante des vols spatiaux :

    > L’intérêt d’envoyer des humains dans l’espace peut certes à l’avenir poser question avec l’emploi de l’intelligence artificielle. Mais la privatisation de l’« exploration » spatiale ouvre de nouvelles perspectives sur au moins deux plans : d’abord, le crépuscule de la volonté, après la seconde guerre mondiale, de rendre neutre diplomatiquement l’espace, un bien collectif commun de l’humanité ; et, naturellement, ensuite, sa transformation désormais en un « espace » commercial ouvert à l’exploitation touristique pour une très petite minorité. Dans ce contexte, le voyageur spatial ne sera plus un être sélectionné en fonction de qualités requises, qu’elles soient physiologiques ou autres, comme le démontre très bien l’article, mais celui qui sera en mesure de payer.

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    Pour ou contre le statut de «Saint» Thomas (Pesquet) ?

    En écoutant une conférence d'Aurélien Barrau je découvre que celui-ci affirme s'être fait conspué pour avoir émis quelques critiques à l'encontre de M. pesquet. Et vous, quelle est votre opinion concernant Thomas ?

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    L'ethique et la vengeance (ou l'inverse)

    blog.mondediplo.net Butler, Alimi et l’« éthique »

    Par Frédéric Lordon (La pompe à phynance, Les blogs du Diplo, 28 mars 2024)

    Butler, Alimi et l’« éthique »

    > “La vengeance, c’est la réciprocité négative chimiquement pure, et contre la dynamique de la vengeance, il n’y a qu’un moyen et un seul : l’interposition d’un tiers — une institution — capable, elle, de produire de la condamnation, mais juridique, et de la réparation. Voilà, non pas le « principe éthique », mais la force à faire intervenir dans la situation.”

    On aime ou on n'aime pas, Lordon a encore frappé.

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    Mir Mathematic books - free to print

    mirtitles.org mathematics – Mir Books

    Posts about mathematics written by The Mitr

    mathematics – Mir Books

    Mir Publishers (a Soviet Era publishing house) does not exist anymore. They published great textbooks/workbooks in Mathematic and other domains. Feel free to download, print, and share them 👍

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    Great vulgarization videos (in french)

    www.arte.tv Voyages au pays des maths - Sciences | ARTE

    Le pays des maths vaut le détour, même si ses abords semblent difficiles d'accès... On y parle une langue bizarre, pleine de polytopes, de variétés différentielles, de nombres transfinis. On y trouve aussi des paysages épiques, des idées vertigineuses et même des choses utiles !  Visite inédite dans...

    Voyages au pays des maths - Sciences | ARTE

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    Being Autistic in a Hectic World

    piped.video Piped

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    Piped

    Josef Schovanec, PhD, is an activist in the field of autism and human biodiversity.

    His books are very insightful, informative, and deeply human

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    Simple proposal to force politicians to improve road design

    Elected officials should be forced to go to their workplace several times a week by bike, this could greatly accelerate the improvement of roads for alternative means of transport. Do you agree ?

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