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Le fossoyeur

Drôle de cimetière empli de tombes vides Que, muni d’un balai, arpente un fossoyeur. Allant de bière en bière et visage livide, Il court les feux follets aux sentiments vivides, Mais ne voit qu’un reflet de brasiers vétilleurs.

Tant de matches joués pourtant perdus d’avance : Cent fois vers la droite effleurés de l’index Pour deux contacts noués. Voyant la concurrence, Ils s’éclipsent sans hâte en foulant la confiance De l’amant spartiate au diable de l‘apex.

Une approche tiède, un mot beauf ou trop leste, Et l’écran, pour un rien se fige en pointillés. Statut “lu” qui obsède ou “hors-ligne” qui reste, La vérité survient et révèle une veste Quotidien du gardien bon pour se rhabiller.

Des milliers de fantômes hantent son répertoire, Ils observent muets ou vont vers d’autres plans — Plans pour garder son môme ou plans culs rotatoires. Du balai, du balai, le gardien sans histoires Ne se veut pas défait malgré tous ces choux blancs.

Il faut bien que la chance assoupie en coulisses Lui accorde un succès, un seul et sans rivaux Pour entrer dans la danse à un moment propice. Sur ce coup de balai ? Non : réseau hors service. Du ballet, du ballet dans les vides caveaux.

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Proserpine (pantoum)

Depuis que tu dors au jardin, Je ne t’apporte plus de roses. Entre inoubli et anodin, Tant de souvenirs que j’arrose.

Je ne t’apporte plus de roses, Toute la nature est à toi. Tant de souvenirs que j’arrose À coups d’absinthe, de vodka.

Toute la nature est à toi Jusqu’aux griffes de l’aubépine. À coups d’absinthe, de vodka, Je révère une proserpine.

Jusqu’aux griffes de l’aubépine, Danse l’éclat du papillon. Je révère une proserpine Où ont poussé les endymions.

Danse l’éclat du papillon Qui rêve de vivre en automne. Où ont poussé les endymions, Seules fleurent des anémones.

Qui rêve de vivre en automne Quand on a l’ombre d’un noyer ? Seules fleurent des anémones, J’écris ces mots pour t’oublier.

Quand on a l’ombre d’un noyer, Les journées deviennent quiètes. J’écris ces mots pour t’oublier, Mais tu vis toujours dans ma tête.

Les journées deviennent quiètes Entre inoubli et anodin. Mais tu vis toujours dans ma tête Depuis que tu dors au jardin.

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Le même bateau (sonnet)

Au rendez-vous mondain converge ce qui brille Exhibant trop de fard sous un strass de gala, Un port presque altier d’où fuse un rire gras, Nos lèvres, d’un mousseux ont les yeux qui pétillent.

Les narcissiques feux sur tant de pacotilles Nous empêchent de voir dans tout ce brouhaha ; Comme on n’a rien à dire, on converse avec soi Et l’on mime en écho des vidéos pastilles.

Enfin l’on se souvient de la cause du jour ; Dans la pose étudiée, un inepte dicours Donne un million de vues et l’on se congratule.

Quel talent si précieux une telle vertu Pour sauver la planète, enfin, c’est un début. La misère est si triste depuis notre bulle.

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