Skip Navigation

Search

France: prison ferme aménageable et inéligibilité requises contre Marine Le Pen

[🍒] [RN] [Justice] France: prison ferme amĂ©nageable et inĂ©ligibilitĂ© requises contre Marine Le Pen

https://www.rfi.fr/fr/france/20241113-france-prison-ferme-am%C3%A9nageable-et-in%C3%A9ligibilit%C3%A9-requises-contre-marine-le-pen

La tournure du procĂšs, de plus en plus difficile pour le Rassemblement national au fil des jours, laissait craindre le pire pour Marine Le Pen. Et les rĂ©quisitions du parquet dans le cadre de l’affaire des dĂ©tournements de fonds europĂ©ens par le parti d’extrĂȘme droite sont en effet lourdes, en particulier pour la triple candidate Ă  la prĂ©sidentielle : cinq ans de prison dont deux ferme et cinq ans d’inĂ©ligibilitĂ© avec exĂ©cution immĂ©diate

Vous pouvez pas imaginer à quel point ça me fait plaisir de vous apporter une nouvelle fournée de ce feuilleton judiciaire.

Reste Bardella, un menteur et manipulateur comme on peut le lire ci-dessous : >« Le parquet n'est pas dans la justice, il est dans l'acharnement et la vengeance à l'égard de Marine Le Pen. Ses réquisitions scandaleuses visent à priver des millions de Français de leur vote en 2027. C'est une atteinte à la démocratie »

Ya rien qui punit ce genre de propos ? Encore un peu et j'ai ma liste de Noël. u.u

#FN #RN #MarineLePen #Justice #UE #Europe #UnionEuropeenne

8

Au procĂšs du FN, Marine Le Pen menacĂ©e d’une inĂ©ligibilitĂ© automatique

[🍒] [RN] [Justice] Au procĂšs du FN, Marine Le Pen menacĂ©e d’une inĂ©ligibilitĂ© automatique

https://www.politis.fr/articles/2024/11/au-proces-du-fn-marine-le-pen-menacee-dune-ineligibilite-automatique/

Entendue en tant que complice et instigatrice du systĂšme de dĂ©tournement de fonds qui permettait Ă  son parti de faire payer une partie de ses permanents par l’Europe, la patronne du RN a plus irritĂ© le tribunal qu’elle n’a changĂ© sa vision de l’affaire.

#RN #FN #MarineLePen #Justice #UE #UnionEuropéenne #Europe

8

Au procĂšs du RN, les experts-comptables qui ne se posaient pas de questions

[RN] [UE] [Vol] Au procĂšs du RN, les experts-comptables qui ne se posaient pas de questions

@france https://www.euractiv.fr/section/justice/news/au-proces-du-rn-les-experts-comptables-qui-ne-se-posaient-pas-de-questions/

« Quand j’étais Ă  l’armĂ©e », explique l’expert-comptable Christophe Moreau au procĂšs des soupçons d’emplois fictifs du RN, « on laissait tourner les moteurs pour Ă©puiser les stocks de carburant ». Alors non, vider les enveloppes du Parlement europĂ©en jusqu’au dernier « centime », ça ne le heurte pas plus que ça.

\#UE #RN #rendlargent

3
www.lemonde.fr Chez les classes moyennes, un vote marqué par la peur du déclassement

FrappĂ©es de plein fouet par l’inflation, exclues des dispositifs d’aide destinĂ©s aux plus modestes et sans perspectives d’ascension sociale, les classes moyennes se tournent vers le Rassemblement national, traditionnellement plutĂŽt ancrĂ© dans les milieux populaires.

Chez les classes moyennes, un vote marqué par la peur du déclassement

« Pour nous, la victoire du Rassemblement national [RN], c’est tout sauf une surprise », confie Yvon Le Flohic, mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste dans un cabinet mĂ©dical de Ploufragan, dans l’agglomĂ©ration de Saint-Brieuc. Un morceau de France ordinaire, oĂč le revenu annuel moyen Ă©tait de 23 010 euros en 2021, presque identique Ă  la moyenne nationale (23 160 euros). En 2020, on y comptait un quart de retraitĂ©s. Parmi les personnes en activitĂ©, 20 % d’ouvriers, 30 % d’employĂ©s, 30 % de professions intermĂ©diaires et 13 % de cadres ou professions supĂ©rieures. Le tout, au cƓur d’une Bretagne historiquement impermĂ©able aux extrĂȘmes, affectĂ©e ni par la dĂ©sindustrialisation, ni par le chĂŽmage ou l’insĂ©curitĂ©.

Pourtant, le 9 juin au soir, la liste de Jordan Bardella est arrivĂ©e en tĂȘte aux Ă©lections europĂ©ennes dans les CĂŽtes-d’Armor, avec 28,21 % des suffrages (27,11 % Ă  Ploufragan). En 2019, Renaissance Ă©tait en tĂȘte, et Marine Le Pen obtenait 19 % des voix. « Dans notre cabinet, on voit dĂ©filer tout le monde, poursuit le mĂ©decin. Nous Ă©tions sĂ»rs du rĂ©sultat. Ici, les gens ont la sensation de ne plus ĂȘtre pris en compte, de ne pas ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s, ils ne croient plus aux institutions. Et cela ne date pas d’hier. »

A l’échelle du pays, ces classes moyennes ont exprimĂ© ce ressentiment le 9 juin, lors des Ă©lections europĂ©ennes, certains par l’abstention, et beaucoup d’autres en votant en faveur du RN, traditionnellement plutĂŽt ancrĂ© dans les milieux populaires. Selon l’analyse rĂ©alisĂ©e par OpinionWay, 41 % des mĂ©nages gagnant entre 1 000 et 2 000 euros par mois ont votĂ© pour Jordan Bardella, et 33 % de ceux aux revenus compris entre 2 000 et 3 500 euros. Une percĂ©e sociologique : parmi les employĂ©s, le RN a gagnĂ© dix points entre 2019 et 2024, et quinze points parmi les professions intermĂ©diaires.

De plein fouet

A ce malaise s’est ajoutĂ© un ouragan appelĂ© inflation, qui a fait vaciller les modes de vie et les certitudes. « On n’avait pas vu une telle hausse des prix depuis quarante ans, et Ă  l’époque, tous les salaires Ă©taient indexĂ©s sur les prix, rappelle Mathieu Plane, directeur adjoint du dĂ©partement analyses et prĂ©visions Ă  l’Observatoire français des conjonctures Ă©conomiques (OFCE). C’est la premiĂšre fois qu’on vit une telle crise inflationniste sans cette protection. »

Prises de plein fouet par la flambĂ©e des produits de base – l’alimentaire a connu une hausse de 20 % en deux ans, l’électricitĂ© de 70 % en cinq ans –, exclues des dispositifs d’aide destinĂ©s aux plus modestes, les classes moyennes ont vu leurs habitudes et leurs modes de consommation bouleversĂ©s, comme le raconte Elisabeth (elle a prĂ©fĂ©rĂ© garder l’anonymat), 56 ans, installĂ©e sur la cĂŽte varoise : « Depuis plusieurs annĂ©es, j’ai pris l’habitude de compter chaque euro lors de mes courses, et je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Je vois aussi des hommes parcourir les rayons la calculette en main. Et ce n’est pas tout. Chaque dĂ©pense est planifiĂ©e, je ne peux plus partir en vacances, ni Ă©pargner. »

Les « pĂ©riurbains » et les ruraux ont Ă©tĂ© plus pĂ©nalisĂ©s que les autres. On comptait, au plus fort de la crise, trois points d’écart dans la hausse moyenne du coĂ»t de la vie entre eux et ceux vivant dans les centres-villes, selon l’OFCE. Certes, les loyers sont plus Ă©levĂ©s dans les mĂ©tropoles, mais les pĂ©riurbains ou les ruraux sont bien plus tributaires de leur voiture au quotidien et dĂ©pensent davantage en chauffage pour leur logement, souvent une maison individuelle.

Sous pression, les mĂ©nages ont du mal Ă  boucler leurs fins de mois, une fois payĂ©es les charges fixes, l’électricitĂ©, le carburant, les assurances, et l’alimentation, et encore, en supprimant souvent les produits les plus coĂ»teux. « Aujourd’hui, je ne vais plus au restaurant, Ă  peine au cinĂ©ma, encore moins Ă  l’opĂ©ra. Je voyage en rĂȘve, je suis Ă  dĂ©couvert le 15 du mois, je paie mon garagiste en trois fois, et j’achĂšte mes vĂȘtements en seconde main », rĂ©sume Anne, 50 ans, professeure certifiĂ©e Ă  temps partiel et un enfant Ă  charge.

Des dettes impossibles Ă  apurer

Pour certains, la crise inflationniste s’est traduite par des dettes impossibles Ă  apurer. « On voit arriver des gens qui n’auraient jamais passĂ© notre porte avant, confirme Laetitia Vigneron, conseillĂšre financiĂšre Ă  l’Union des associations familiales (UDAF) du Cher. Des personnes qui travaillent, qui ont des crĂ©dits immobiliers ou des crĂ©dits voiture. » Entre janvier et mai, le nombre de dossiers de surendettement dĂ©posĂ©s auprĂšs de la Banque de France a augmentĂ© de 6 % par rapport Ă  2023. « Le prix des courses a explosĂ©. Les gens n’arrivent plus Ă  s’en sortir. On voit des dossiers de surendettement constituĂ©s uniquement de dettes de charges courantes : loyers, assurances, Ă©lectricité », renchĂ©rit CĂ©line RascagnĂšres, Ă©galement conseillĂšre financiĂšre pour l’UDAF, dans l’Aude.

Pour ces personnes ni riches ni pauvres, la dĂ©gringolade ne se fait pas ressentir uniquement dans le train de vie. Elle est aussi symbolique. « Dans ma tĂȘte, un prof faisait partie des classes moyennes supĂ©rieures, il pouvait s’offrir deux-trois restos mensuels, des voyages pour le plaisir, des loisirs pour se cultiver, une petite maison pour la retraite et de l’argent pour les enfants, explique Anne, la professeure. Je suis dĂ©classĂ©e. » Un sentiment partagĂ© par bon nombre de ses semblables.

Audrey, une Parisienne de 44 ans, Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e, gagne 2 100 euros par mois (salaire, prime et pension alimentaire), pour la faire vivre avec son fils : « Le dĂ©classement social, je le vis de la façon suivante : un salaire insuffisant au regard de mes Ă©tudes et de mes responsabilitĂ©s professionnelles ; le fait de ne pas avoir les moyens de scolariser mon fils dans le privé ; deux semaines de vacances seulement pour moi et une colonie de vacances, en partie financĂ©e par la ville, pour mon fils ; la perte de la valeur travail et l’absence d’ascenseur social. »

Michel, un retraitĂ© de 69 ans, est en colĂšre : dĂ©posĂ© en fĂ©vrier 2024, le dossier de retraite de son Ă©pouse, atteinte d’une maladie neurologique, est toujours Ă  l’étude. « En attendant, nous sommes confrontĂ©s Ă  des problĂšmes financiers et Ă  des problĂšmes de santĂ©, mais nous n’avons aucune aide, car l’on considĂšre que l’on gagne trop ! A ce jour, nous ne faisons qu’un repas sur deux, en mangeant des pĂątes et des Ɠufs, et encore, pas toujours. Quel plaisir d’avoir cotisĂ© cinquante-deux ans pour en arriver là ! »

Précarité nouvelle

Le sentiment de dĂ©classement s’exprime aussi au travers du regard d’autrui. InstallĂ©e Ă  Nantes, Catherine, bac + 5, est chargĂ©e de communication indĂ©pendante, avec des revenus autour de 2 500 euros par mois, « sans aucune perspective de progression ». Elle travaille chez elle, rĂ©flĂ©chit depuis deux ans Ă  changer sa voiture sans pouvoir franchir le pas, et ses derniĂšres vacances se rĂ©sument Ă  une semaine Ă  l’étĂ© 2023 dans un village Ă©loignĂ© du Limousin. Mais c’est face Ă  sa fille que la conscience de sa prĂ©caritĂ© nouvelle la taraude le plus. « L’autre jour, elle a voulu que je lui achĂšte un pull Ă  90 euros, Ă  la mode chez ses copines. J’ai dit non. Elle s’est exclamĂ©e : “Mais, maman, on est pauvres ?” »

Anne, Audrey et Catherine incarnent la fragilisation financiĂšre des familles monoparentales, essentiellement des mĂšres cĂ©libataires. Un tiers des pensions alimentaires reste impayĂ©, et le taux de pauvretĂ© dans leurs rangs atteint 32,3 %, contre 14,5 % pour l’ensemble de la population, selon des donnĂ©es de la Caisse d’allocations familiales ou de l’Institut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques. Faut-il y voir un lien ? ParallĂšlement, le vote RN a progressĂ© de maniĂšre spectaculaire chez les femmes : dix points entre 2019 et 2024, contre trois seulement chez les hommes, indique Ipsos. « Tenant Ă  distance l’hĂ©ritage viriliste et sexiste de son pĂšre, Marine Le Pen se prĂ©sente comme une femme moderne, mĂšre de famille, divorcĂ©e, travaillant, affichant sa “sensibilitĂ© Ă  la cause fĂ©minine” », rappelait la philosophe Camille Froidevaux-Metterie dans une tribune du Monde du 13 juin.

Le sentiment de dĂ©classement se voit parfois dans le regard des enfants, mais se mesure toujours par rapport Ă  la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente. « Moins bien que mes parents », dĂ©plore Tim, ingĂ©nieur dans la fonction publique, quand il parle de l’appartement de 68 mĂštres carrĂ©s qu’il a « difficilement » pu acquĂ©rir Ă  Grenoble avec le fruit de son travail. Et il craint que sa propre descendance ne vive la mĂȘme mĂ©saventure. « MalgrĂ© une vie peu dĂ©pensiĂšre, je peine Ă  Ă©pargner et Ă  financer pour mes enfants des Ă©tudes Ă©quivalentes Ă  celles que j’ai pu suivre, enchaĂźne-t-il. En somme, je vis moins bien que mes parents, et la dynamique est Ă  la dĂ©gradation. »

« L’absence de perspectives, la difficultĂ© de dessiner une trajectoire ascendante » font partie des dĂ©sillusions des classes moyennes, souligne Nicolas Duvoux, sociologue Ă  l’universitĂ© Paris-VII, qui Ă©voque l’érosion des « possibilitĂ©s de vie ». Une Ă©rosion qui va en s’accentuant, s’inquiĂšte le chercheur. « La prĂ©caritĂ© sur le marchĂ© du travail est devenue la norme, explique-t-il, particuliĂšrement pour les jeunes. Or, la prĂ©caritĂ© dans l’emploi se traduit par l’impossibilitĂ© de construire sa vie de maniĂšre durable. Cela ronge le corps social. »

En vain

ConfrontĂ©s Ă  cette prĂ©carisation, les jeunes se sentent en outre comme rejetĂ©s des villes oĂč ils ont parfois grandi, et souhaiteraient vivre. A 35 ans, Antoine, Bordelais, salariĂ© dans l’associatif, voudrait acheter un 40 mĂštres carrĂ©s dans sa ville : « Impensable avec un smic seul. » Parisiens, Patrick et son Ă©pouse, deux enfants, cherchent Ă  s’agrandir. En vain. « Impossible pour nous, couple d’ingĂ©nieurs, d’avoir plus de trois piĂšces. MĂȘme les logements sociaux auxquels nous avons droit sont au-dessus de notre budget. Nous voilĂ  moins bien lotis qu’un ouvrier des annĂ©es 1960 », tranche l’homme de 35 ans. Le problĂšme est encore aggravĂ© dans les rĂ©gions trĂšs touristiques, oĂč les rĂ©sidences secondaires et autres meublĂ©s assĂšchent le marchĂ© pour les locaux, contraints d’aller habiter loin de leur travail – et d’avoir une voiture, qui plombe dĂ©finitivement le budget.

Au fond, les classes moyennes « ont une vision ternaire de la sociĂ©tĂ©, dĂ©crypte le politologue JĂ©rĂŽme Fourquet : « Pour eux, il y a en bas les plus pauvres, les assistĂ©s, et au-dessus les riches qui se gavent. Ils ont le sentiment d’ĂȘtre trop riches pour ĂȘtre aidĂ©s, trop pauvres pour s’en sortir, et d’ĂȘtre taxĂ©s pour financer un modĂšle social auquel ils n’ont plus accĂšs. Le pacte social implicite, qui est de payer ses impĂŽts mais, en retour, d’en avoir pour son argent, est rompu. »

Or la gauche, elle, oppose aujourd’hui une vision « binaire », estime M. Fourquet, qui repose sur l’idĂ©e du peuple contre les Ă©lites – un schĂ©ma dans lequel les catĂ©gories intermĂ©diaires ne se retrouvent pas : « Le RN, en faisant par exemple de la voiture un thĂšme politique, a rĂ©ussi Ă  crĂ©er une proximitĂ© avec les classes moyennes, qui se sentent enfin prises en compte. »

23

« Je n’ai pas peur, j’en ai marre » : avant les lĂ©gislatives, les quartiers populaires gagnĂ©s par la rĂ©signation

www.lemonde.fr « Je n’ai pas peur, j’en ai marre » : avant les lĂ©gislatives, les quartiers populaires gagnĂ©s par la rĂ©signation

« Questions de campagne ». Pour nombre d’habitants des quartiers populaires, les idĂ©es d’extrĂȘme droite ont dĂ©jĂ  gagnĂ©. Ils citent les discriminations, les insultes racistes, les discours envers les musulmans
 MalgrĂ© la crainte du rĂ©sultat des lĂ©gislatives, ils n’iront pas forcĂ©ment voter.

« Je n’ai pas peur, j’en ai marre » : avant les lĂ©gislatives, les quartiers populaires gagnĂ©s par la rĂ©signation

« Questions de campagne ». Pour nombre d’habitants des quartiers populaires, les idĂ©es d’extrĂȘme droite ont dĂ©jĂ  gagnĂ©. Ils citent les discriminations, les insultes racistes, les discours envers les musulmans
 MalgrĂ© la crainte du rĂ©sultat des lĂ©gislatives, ils n’iront pas forcĂ©ment voter.

RĂ©signation, fatalisme, lassitude. Avant tout autre sentiment. Avant la colĂšre. Avant la peur. Avant l’envie d’en dĂ©coudre dans les urnes les 30 juin et 7 juillet lors des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es. Du moins pour l’instant. Dans les quartiers populaires, les rĂ©sultats des Ă©lections europĂ©ennes plaçant le candidat du Rassemblement national en tĂȘte n’ont pas surpris. L’annonce de la dissolution davantage, mais pas au point de crĂ©er de mouvement de panique ou de forte mobilisation.

« Les jeux sont faits ! » C’est ainsi que Coumba Coulibaly rĂ©sume la situation politique du pays. « C’était Ă©crit, c’est fini, l’extrĂȘme droite au pouvoir, ce n’était qu’une question de temps », lance la jeune femme de 36 ans depuis le stand de churros qu’elle tient avec sa sƓur aĂźnĂ©e au stade Henri-Barbusse, Ă  Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), mercredi 12 juin, soir du lancement de la Coupe nationale des quartiers 2024, ex-Coupe d’Afrique des nations des quartiers, le tournoi de foot le plus populaire des banlieues qui oppose des Ă©quipes en fonction du pays d’origine des joueurs. CĂ©lĂ©bration joyeuse et bon enfant de la diversitĂ© et du vivre-ensemble pour les uns, symbole de l’échec de l’intĂ©gration et du repli identitaire pour les autres. « Qu’est-ce qu’ils vont nous faire de plus que ce qu’on nous fait dĂ©jĂ , fait-elle mine d’interroger, l’Ɠil bravache. Ils ne vont pas pouvoir tous nous mettre dehors en quelques annĂ©es, alors quoi ? »

Pour nombre d’habitants des quartiers populaires, l’idĂ©ologie d’extrĂȘme droite a dĂ©jĂ  gagnĂ© la partie depuis un moment. Les Ă©lections europĂ©ennes ne font qu’entĂ©riner une rĂ©alitĂ© qu’ils disent subir au quotidien. Ils citent les discriminations, les insultes racistes, l’enclavement, les discours des pouvoirs publics envers les musulmans, les discours politiques sur les quartiers et leur jeunesse dite « dĂ©linquante », la loi sur l’immigration, les chaĂźnes d’information en continu
 « Cela fait un moment maintenant que les partis, que ce soit Les RĂ©publicains ou Macron, surfent sur leurs thĂšmes : l’immigration, l’islam, la laĂŻcité , analyse Diatta Marna, 36 ans, chasseur de tĂȘtes pour un cabinet de recrutement europĂ©en et sĂ©lectionneur de l’équipe de GuinĂ©e de la CAN [Coupe d’Afrique des nations] des quartiers. Alors oui, l’extrĂȘme droite va arriver au pouvoir, c’est inĂ©luctable, je suis rĂ©signĂ©. »

« Je finis par ne plus me sentir française »

En mai, Coumba Coulibaly a Ă©tĂ© traitĂ©e de « sale Noire » dans le mĂ©tro. Quelques semaines plus tĂŽt, c’est l’une de ses collĂšgues qui a Ă©tĂ© injuriĂ©e : « Sale NĂšgre. » « Ce sont des mots qu’on n’avait pas entendus depuis des dĂ©cennies, des mots qu’on n’avait pas le droit de dire pendant des dĂ©cennies, des mots qu’on entend Ă  nouveau », commente la jeune femme, en Ă©voquant la possibilitĂ© de quitter la France pour le pays d’origine de ses parents, le Mali.

Coumba Coulibaly a un boulot Ă  la RATP, pas d’enfant, des neveux et niĂšces Ă  la pelle qui gravitent, hilares, autour d’elle, une mĂšre femme de chambre et un pĂšre ancien employĂ© dans un pressing, qui s’est rendu aux meetings politiques de la gauche toute sa vie, alors mĂȘme qu’il n’a jamais eu le droit de voter. Les parents de Coumba Coulibaly n’ont pas la nationalitĂ© française. « Toute mon enfance, j’ai vu mon pĂšre prendre des cars pour se rendre aux rassemblements des candidats du Parti socialiste, puis, en 2017, pour aller voir Macron, raconte-t-elle. C’était important pour lui de s’impliquer, de montrer qu’il Ă©tait lĂ , alors, en 2017, pour lui, je suis allĂ©e voter pour la premiĂšre fois. » Depuis, elle n’a jamais manquĂ© un rendez-vous Ă©lectoral, fidĂšle Ă  La France insoumise, et pousse Ă  chaque fois ses frĂšres et sƓurs Ă  se rendre aux urnes. Comme le 9 juin.

« Je suis nĂ©e ici, je suis française, mais Ă  force de me faire comprendre que je ne suis pas vraiment française, que je suis noire avant tout, je finis par ne plus me sentir française. » Alors elle l’affirme, on ne l’y reprendra pas. « Ces Ă©lections lĂ©gislatives, c’est du foutage de gueule, Macron il ne s’en sort pas, il fait n’importe quoi, je n’irai pas voter, je n’ai pas peur, j’en ai marre », affirme-t-elle.

Le sentiment « d’ĂȘtre pris pour des cons »

Ce sentiment de lassitude, chacun le perçoit. RĂ©servoir de voix pour la gauche, public repoussoir pour la droite, « les habitants des quartiers ont le sentiment d’ĂȘtre Ă©ternellement pris pour des cons, dit Demir Mehmet, un informaticien de 36 ans, arbitre lors de la CAN des quartiers, qui s’est dĂ©roulĂ©e jusqu’à dimanche 16 juin. On vient chercher leurs voix Ă  chaque Ă©lection puis on les oublie, pire, on les trahit et le Rassemblement national [RN] profite de ce sentiment. Ce n’est pas l’extrĂȘme droite qui gagne, c’est l’abstention ». « La question de faire barrage Ă  l’extrĂȘme droite ne passe plus auprĂšs des jeunes des quartiers, affirme Ayoub Laaouaj, 24 ans, Ă©tudiant en droit, spectateur et bĂ©nĂ©vole Ă  la CAN. MĂȘme s’il est Ă©vident qu’il y aura un impact pour nous si le RN arrive au pouvoir. »

Sur les rĂ©seaux sociaux pourtant, et auprĂšs des associations, les tĂ©moignages affluent dĂ©jĂ  : « Un policier qui m’a mal parlĂ© m’a dit qu’il fallait que je m’y habitue dorĂ©navant » ; « Un groupe de Blancs m’a dit que, bientĂŽt, ils auront carte blanche pour nous casser la gueule » ; « Deux jeunes m’ont lancĂ© que pour moi, la France, c’était fini » 

L’extrĂȘme droite au pouvoir, c’est « le pĂ©ril » dont la premiĂšre gĂ©nĂ©ration leur a parlĂ© toute leur vie. « Nous avons grandi avec cette peur du Front national [l’ancien nom du Rassemblement national], avec cette menace permanente et voilĂ  qu’elle se concrĂ©tise, alors mĂȘme que nous sommes dĂ©sormais nous-mĂȘmes parents, commente Youcef Brakni, membre du comitĂ© VĂ©ritĂ© et justice pour Adama, du nom d’Adama TraorĂ©, jeune homme mort en 2016, dans le Val-d’Oise, Ă  la suite d’une interpellation par des gendarmes. Alors bien sĂ»r qu’il y a malgrĂ© tout une peur ! »

Pour leurs parents en premier lieu justement, dont beaucoup n’ont jamais obtenu la nationalitĂ© française. « C’est vrai, c’est ce qui pourrait me faire hĂ©siter », consent Coumba Coulibaly, qui cite l’une des « stories » de l’actrice et entrepreneuse Fatou Guinea sur le rĂ©seau social Instagram dans laquelle elle Ă©voque le sort qui pourrait ĂȘtre rĂ©servĂ© Ă  leurs aĂźnĂ©s : « Je ne peux pas lĂącher, martĂšle la jeune femme de 28 ans Ă  ses 873 000 abonnĂ©s. C’est pas notre France ça, faut aller voter. » CharlĂšne P., Ă©tudiante en gestion et management, se dit « choquĂ©e » par l’ambiance actuelle, mĂȘme si elle n’y entend pas grand-chose Ă  la politique. « TikTok et Snapchat me disent d’aller voter le 30 juin », explique-t-elle. Alors elle ira.

11