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Au procès du RN, les experts-comptables qui ne se posaient pas de questions
[RN] [UE] [Vol] Au procès du RN, les experts-comptables qui ne se posaient pas de questions
@france https://www.euractiv.fr/section/justice/news/au-proces-du-rn-les-experts-comptables-qui-ne-se-posaient-pas-de-questions/
« Quand j’étais à l’armée », explique l’expert-comptable Christophe Moreau au procès des soupçons d’emplois fictifs du RN, « on laissait tourner les moteurs pour épuiser les stocks de carburant ». Alors non, vider les enveloppes du Parlement européen jusqu’au dernier « centime », ça ne le heurte pas plus que ça.
Frappées de plein fouet par l’inflation, exclues des dispositifs d’aide destinés aux plus modestes et sans perspectives d’ascension sociale, les classes moyennes se tournent vers le Rassemblement national, traditionnellement plutôt ancré dans les milieux populaires.
« Pour nous, la victoire du Rassemblement national [RN], c’est tout sauf une surprise », confie Yvon Le Flohic, médecin généraliste dans un cabinet médical de Ploufragan, dans l’agglomération de Saint-Brieuc. Un morceau de France ordinaire, où le revenu annuel moyen était de 23 010 euros en 2021, presque identique à la moyenne nationale (23 160 euros). En 2020, on y comptait un quart de retraités. Parmi les personnes en activité, 20 % d’ouvriers, 30 % d’employés, 30 % de professions intermédiaires et 13 % de cadres ou professions supérieures. Le tout, au cœur d’une Bretagne historiquement imperméable aux extrêmes, affectée ni par la désindustrialisation, ni par le chômage ou l’insécurité.
Pourtant, le 9 juin au soir, la liste de Jordan Bardella est arrivée en tête aux élections européennes dans les Côtes-d’Armor, avec 28,21 % des suffrages (27,11 % à Ploufragan). En 2019, Renaissance était en tête, et Marine Le Pen obtenait 19 % des voix. « Dans notre cabinet, on voit défiler tout le monde, poursuit le médecin. Nous étions sûrs du résultat. Ici, les gens ont la sensation de ne plus être pris en compte, de ne pas être représentés, ils ne croient plus aux institutions. Et cela ne date pas d’hier. »
A l’échelle du pays, ces classes moyennes ont exprimé ce ressentiment le 9 juin, lors des élections européennes, certains par l’abstention, et beaucoup d’autres en votant en faveur du RN, traditionnellement plutôt ancré dans les milieux populaires. Selon l’analyse réalisée par OpinionWay, 41 % des ménages gagnant entre 1 000 et 2 000 euros par mois ont voté pour Jordan Bardella, et 33 % de ceux aux revenus compris entre 2 000 et 3 500 euros. Une percée sociologique : parmi les employés, le RN a gagné dix points entre 2019 et 2024, et quinze points parmi les professions intermédiaires.
De plein fouet
A ce malaise s’est ajouté un ouragan appelé inflation, qui a fait vaciller les modes de vie et les certitudes. « On n’avait pas vu une telle hausse des prix depuis quarante ans, et à l’époque, tous les salaires étaient indexés sur les prix, rappelle Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyses et prévisions à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). C’est la première fois qu’on vit une telle crise inflationniste sans cette protection. »
Prises de plein fouet par la flambée des produits de base – l’alimentaire a connu une hausse de 20 % en deux ans, l’électricité de 70 % en cinq ans –, exclues des dispositifs d’aide destinés aux plus modestes, les classes moyennes ont vu leurs habitudes et leurs modes de consommation bouleversés, comme le raconte Elisabeth (elle a préféré garder l’anonymat), 56 ans, installée sur la côte varoise : « Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de compter chaque euro lors de mes courses, et je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Je vois aussi des hommes parcourir les rayons la calculette en main. Et ce n’est pas tout. Chaque dépense est planifiée, je ne peux plus partir en vacances, ni épargner. »
Les « périurbains » et les ruraux ont été plus pénalisés que les autres. On comptait, au plus fort de la crise, trois points d’écart dans la hausse moyenne du coût de la vie entre eux et ceux vivant dans les centres-villes, selon l’OFCE. Certes, les loyers sont plus élevés dans les métropoles, mais les périurbains ou les ruraux sont bien plus tributaires de leur voiture au quotidien et dépensent davantage en chauffage pour leur logement, souvent une maison individuelle.
Sous pression, les ménages ont du mal à boucler leurs fins de mois, une fois payées les charges fixes, l’électricité, le carburant, les assurances, et l’alimentation, et encore, en supprimant souvent les produits les plus coûteux. « Aujourd’hui, je ne vais plus au restaurant, à peine au cinéma, encore moins à l’opéra. Je voyage en rêve, je suis à découvert le 15 du mois, je paie mon garagiste en trois fois, et j’achète mes vêtements en seconde main », résume Anne, 50 ans, professeure certifiée à temps partiel et un enfant à charge.
Des dettes impossibles à apurer
Pour certains, la crise inflationniste s’est traduite par des dettes impossibles à apurer. « On voit arriver des gens qui n’auraient jamais passé notre porte avant, confirme Laetitia Vigneron, conseillère financière à l’Union des associations familiales (UDAF) du Cher. Des personnes qui travaillent, qui ont des crédits immobiliers ou des crédits voiture. » Entre janvier et mai, le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France a augmenté de 6 % par rapport à 2023. « Le prix des courses a explosé. Les gens n’arrivent plus à s’en sortir. On voit des dossiers de surendettement constitués uniquement de dettes de charges courantes : loyers, assurances, électricité », renchérit Céline Rascagnères, également conseillère financière pour l’UDAF, dans l’Aude.
Pour ces personnes ni riches ni pauvres, la dégringolade ne se fait pas ressentir uniquement dans le train de vie. Elle est aussi symbolique. « Dans ma tête, un prof faisait partie des classes moyennes supérieures, il pouvait s’offrir deux-trois restos mensuels, des voyages pour le plaisir, des loisirs pour se cultiver, une petite maison pour la retraite et de l’argent pour les enfants, explique Anne, la professeure. Je suis déclassée. » Un sentiment partagé par bon nombre de ses semblables.
Audrey, une Parisienne de 44 ans, éducatrice spécialisée, gagne 2 100 euros par mois (salaire, prime et pension alimentaire), pour la faire vivre avec son fils : « Le déclassement social, je le vis de la façon suivante : un salaire insuffisant au regard de mes études et de mes responsabilités professionnelles ; le fait de ne pas avoir les moyens de scolariser mon fils dans le privé ; deux semaines de vacances seulement pour moi et une colonie de vacances, en partie financée par la ville, pour mon fils ; la perte de la valeur travail et l’absence d’ascenseur social. »
Michel, un retraité de 69 ans, est en colère : déposé en février 2024, le dossier de retraite de son épouse, atteinte d’une maladie neurologique, est toujours à l’étude. « En attendant, nous sommes confrontés à des problèmes financiers et à des problèmes de santé, mais nous n’avons aucune aide, car l’on considère que l’on gagne trop ! A ce jour, nous ne faisons qu’un repas sur deux, en mangeant des pâtes et des œufs, et encore, pas toujours. Quel plaisir d’avoir cotisé cinquante-deux ans pour en arriver là ! »
Précarité nouvelle
Le sentiment de déclassement s’exprime aussi au travers du regard d’autrui. Installée à Nantes, Catherine, bac + 5, est chargée de communication indépendante, avec des revenus autour de 2 500 euros par mois, « sans aucune perspective de progression ». Elle travaille chez elle, réfléchit depuis deux ans à changer sa voiture sans pouvoir franchir le pas, et ses dernières vacances se résument à une semaine à l’été 2023 dans un village éloigné du Limousin. Mais c’est face à sa fille que la conscience de sa précarité nouvelle la taraude le plus. « L’autre jour, elle a voulu que je lui achète un pull à 90 euros, à la mode chez ses copines. J’ai dit non. Elle s’est exclamée : “Mais, maman, on est pauvres ?” »
Anne, Audrey et Catherine incarnent la fragilisation financière des familles monoparentales, essentiellement des mères célibataires. Un tiers des pensions alimentaires reste impayé, et le taux de pauvreté dans leurs rangs atteint 32,3 %, contre 14,5 % pour l’ensemble de la population, selon des données de la Caisse d’allocations familiales ou de l’Institut national de la statistique et des études économiques. Faut-il y voir un lien ? Parallèlement, le vote RN a progressé de manière spectaculaire chez les femmes : dix points entre 2019 et 2024, contre trois seulement chez les hommes, indique Ipsos. « Tenant à distance l’héritage viriliste et sexiste de son père, Marine Le Pen se présente comme une femme moderne, mère de famille, divorcée, travaillant, affichant sa “sensibilité à la cause féminine” », rappelait la philosophe Camille Froidevaux-Metterie dans une tribune du Monde du 13 juin.
Le sentiment de déclassement se voit parfois dans le regard des enfants, mais se mesure toujours par rapport à la génération précédente. « Moins bien que mes parents », déplore Tim, ingénieur dans la fonction publique, quand il parle de l’appartement de 68 mètres carrés qu’il a « difficilement » pu acquérir à Grenoble avec le fruit de son travail. Et il craint que sa propre descendance ne vive la même mésaventure. « Malgré une vie peu dépensière, je peine à épargner et à financer pour mes enfants des études équivalentes à celles que j’ai pu suivre, enchaîne-t-il. En somme, je vis moins bien que mes parents, et la dynamique est à la dégradation. »
« L’absence de perspectives, la difficulté de dessiner une trajectoire ascendante » font partie des désillusions des classes moyennes, souligne Nicolas Duvoux, sociologue à l’université Paris-VII, qui évoque l’érosion des « possibilités de vie ». Une érosion qui va en s’accentuant, s’inquiète le chercheur. « La précarité sur le marché du travail est devenue la norme, explique-t-il, particulièrement pour les jeunes. Or, la précarité dans l’emploi se traduit par l’impossibilité de construire sa vie de manière durable. Cela ronge le corps social. »
En vain
Confrontés à cette précarisation, les jeunes se sentent en outre comme rejetés des villes où ils ont parfois grandi, et souhaiteraient vivre. A 35 ans, Antoine, Bordelais, salarié dans l’associatif, voudrait acheter un 40 mètres carrés dans sa ville : « Impensable avec un smic seul. » Parisiens, Patrick et son épouse, deux enfants, cherchent à s’agrandir. En vain. « Impossible pour nous, couple d’ingénieurs, d’avoir plus de trois pièces. Même les logements sociaux auxquels nous avons droit sont au-dessus de notre budget. Nous voilà moins bien lotis qu’un ouvrier des années 1960 », tranche l’homme de 35 ans. Le problème est encore aggravé dans les régions très touristiques, où les résidences secondaires et autres meublés assèchent le marché pour les locaux, contraints d’aller habiter loin de leur travail – et d’avoir une voiture, qui plombe définitivement le budget.
Au fond, les classes moyennes « ont une vision ternaire de la société, décrypte le politologue Jérôme Fourquet : « Pour eux, il y a en bas les plus pauvres, les assistés, et au-dessus les riches qui se gavent. Ils ont le sentiment d’être trop riches pour être aidés, trop pauvres pour s’en sortir, et d’être taxés pour financer un modèle social auquel ils n’ont plus accès. Le pacte social implicite, qui est de payer ses impôts mais, en retour, d’en avoir pour son argent, est rompu. »
Or la gauche, elle, oppose aujourd’hui une vision « binaire », estime M. Fourquet, qui repose sur l’idée du peuple contre les élites – un schéma dans lequel les catégories intermédiaires ne se retrouvent pas : « Le RN, en faisant par exemple de la voiture un thème politique, a réussi à créer une proximité avec les classes moyennes, qui se sentent enfin prises en compte. »
« Je n’ai pas peur, j’en ai marre » : avant les législatives, les quartiers populaires gagnés par la résignation
« Questions de campagne ». Pour nombre d’habitants des quartiers populaires, les idées d’extrême droite ont déjà gagné. Ils citent les discriminations, les insultes racistes, les discours envers les musulmans… Malgré la crainte du résultat des législatives, ils n’iront pas forcément voter.
« Questions de campagne ». Pour nombre d’habitants des quartiers populaires, les idées d’extrême droite ont déjà gagné. Ils citent les discriminations, les insultes racistes, les discours envers les musulmans… Malgré la crainte du résultat des législatives, ils n’iront pas forcément voter.
Résignation, fatalisme, lassitude. Avant tout autre sentiment. Avant la colère. Avant la peur. Avant l’envie d’en découdre dans les urnes les 30 juin et 7 juillet lors des élections législatives anticipées. Du moins pour l’instant. Dans les quartiers populaires, les résultats des élections européennes plaçant le candidat du Rassemblement national en tête n’ont pas surpris. L’annonce de la dissolution davantage, mais pas au point de créer de mouvement de panique ou de forte mobilisation.
« Les jeux sont faits ! » C’est ainsi que Coumba Coulibaly résume la situation politique du pays. « C’était écrit, c’est fini, l’extrême droite au pouvoir, ce n’était qu’une question de temps », lance la jeune femme de 36 ans depuis le stand de churros qu’elle tient avec sa sœur aînée au stade Henri-Barbusse, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), mercredi 12 juin, soir du lancement de la Coupe nationale des quartiers 2024, ex-Coupe d’Afrique des nations des quartiers, le tournoi de foot le plus populaire des banlieues qui oppose des équipes en fonction du pays d’origine des joueurs. Célébration joyeuse et bon enfant de la diversité et du vivre-ensemble pour les uns, symbole de l’échec de l’intégration et du repli identitaire pour les autres. « Qu’est-ce qu’ils vont nous faire de plus que ce qu’on nous fait déjà, fait-elle mine d’interroger, l’œil bravache. Ils ne vont pas pouvoir tous nous mettre dehors en quelques années, alors quoi ? »
Pour nombre d’habitants des quartiers populaires, l’idéologie d’extrême droite a déjà gagné la partie depuis un moment. Les élections européennes ne font qu’entériner une réalité qu’ils disent subir au quotidien. Ils citent les discriminations, les insultes racistes, l’enclavement, les discours des pouvoirs publics envers les musulmans, les discours politiques sur les quartiers et leur jeunesse dite « délinquante », la loi sur l’immigration, les chaînes d’information en continu… « Cela fait un moment maintenant que les partis, que ce soit Les Républicains ou Macron, surfent sur leurs thèmes : l’immigration, l’islam, la laïcité…, analyse Diatta Marna, 36 ans, chasseur de têtes pour un cabinet de recrutement européen et sélectionneur de l’équipe de Guinée de la CAN [Coupe d’Afrique des nations] des quartiers. Alors oui, l’extrême droite va arriver au pouvoir, c’est inéluctable, je suis résigné. »
« Je finis par ne plus me sentir française »
En mai, Coumba Coulibaly a été traitée de « sale Noire » dans le métro. Quelques semaines plus tôt, c’est l’une de ses collègues qui a été injuriée : « Sale Nègre. » « Ce sont des mots qu’on n’avait pas entendus depuis des décennies, des mots qu’on n’avait pas le droit de dire pendant des décennies, des mots qu’on entend à nouveau », commente la jeune femme, en évoquant la possibilité de quitter la France pour le pays d’origine de ses parents, le Mali.
Coumba Coulibaly a un boulot à la RATP, pas d’enfant, des neveux et nièces à la pelle qui gravitent, hilares, autour d’elle, une mère femme de chambre et un père ancien employé dans un pressing, qui s’est rendu aux meetings politiques de la gauche toute sa vie, alors même qu’il n’a jamais eu le droit de voter. Les parents de Coumba Coulibaly n’ont pas la nationalité française. « Toute mon enfance, j’ai vu mon père prendre des cars pour se rendre aux rassemblements des candidats du Parti socialiste, puis, en 2017, pour aller voir Macron, raconte-t-elle. C’était important pour lui de s’impliquer, de montrer qu’il était là, alors, en 2017, pour lui, je suis allée voter pour la première fois. » Depuis, elle n’a jamais manqué un rendez-vous électoral, fidèle à La France insoumise, et pousse à chaque fois ses frères et sœurs à se rendre aux urnes. Comme le 9 juin.
« Je suis née ici, je suis française, mais à force de me faire comprendre que je ne suis pas vraiment française, que je suis noire avant tout, je finis par ne plus me sentir française. » Alors elle l’affirme, on ne l’y reprendra pas. « Ces élections législatives, c’est du foutage de gueule, Macron il ne s’en sort pas, il fait n’importe quoi, je n’irai pas voter, je n’ai pas peur, j’en ai marre », affirme-t-elle.
Le sentiment « d’être pris pour des cons »
Ce sentiment de lassitude, chacun le perçoit. Réservoir de voix pour la gauche, public repoussoir pour la droite, « les habitants des quartiers ont le sentiment d’être éternellement pris pour des cons, dit Demir Mehmet, un informaticien de 36 ans, arbitre lors de la CAN des quartiers, qui s’est déroulée jusqu’à dimanche 16 juin. On vient chercher leurs voix à chaque élection puis on les oublie, pire, on les trahit et le Rassemblement national [RN] profite de ce sentiment. Ce n’est pas l’extrême droite qui gagne, c’est l’abstention ». « La question de faire barrage à l’extrême droite ne passe plus auprès des jeunes des quartiers, affirme Ayoub Laaouaj, 24 ans, étudiant en droit, spectateur et bénévole à la CAN. Même s’il est évident qu’il y aura un impact pour nous si le RN arrive au pouvoir. »
Sur les réseaux sociaux pourtant, et auprès des associations, les témoignages affluent déjà : « Un policier qui m’a mal parlé m’a dit qu’il fallait que je m’y habitue dorénavant » ; « Un groupe de Blancs m’a dit que, bientôt, ils auront carte blanche pour nous casser la gueule » ; « Deux jeunes m’ont lancé que pour moi, la France, c’était fini »…
L’extrême droite au pouvoir, c’est « le péril » dont la première génération leur a parlé toute leur vie. « Nous avons grandi avec cette peur du Front national [l’ancien nom du Rassemblement national], avec cette menace permanente et voilà qu’elle se concrétise, alors même que nous sommes désormais nous-mêmes parents, commente Youcef Brakni, membre du comité Vérité et justice pour Adama, du nom d’Adama Traoré, jeune homme mort en 2016, dans le Val-d’Oise, à la suite d’une interpellation par des gendarmes. Alors bien sûr qu’il y a malgré tout une peur ! »
Pour leurs parents en premier lieu justement, dont beaucoup n’ont jamais obtenu la nationalité française. « C’est vrai, c’est ce qui pourrait me faire hésiter », consent Coumba Coulibaly, qui cite l’une des « stories » de l’actrice et entrepreneuse Fatou Guinea sur le réseau social Instagram dans laquelle elle évoque le sort qui pourrait être réservé à leurs aînés : « Je ne peux pas lâcher, martèle la jeune femme de 28 ans à ses 873 000 abonnés. C’est pas notre France ça, faut aller voter. » Charlène P., étudiante en gestion et management, se dit « choquée » par l’ambiance actuelle, même si elle n’y entend pas grand-chose à la politique. « TikTok et Snapchat me disent d’aller voter le 30 juin », explique-t-elle. Alors elle ira.