”Les Belges croulent sous l’impôt jusqu’à en vomir. L’État devra réaliser des économies”
”Les Belges croulent sous l’impôt jusqu’à en vomir. L’État devra réaliser des économies”
Maxime Prévot, président des Engagés, fait d’une réforme fiscale et d’un financement massif des soins de santé ses deux grandes priorités pour la prochaine législature. Il regrette que la majorité Vivaldi n’ait pas réussi à adopter les réformes “dont nous avons besoin”.
lalibre.be ”Les Belges croulent sous l’impôt jusqu’à en vomir. L’État devra réaliser des économies” Antoine Clevers 5–7 minutes
Maxime Prévot, depuis les bancs de l’opposition, quel bilan tirez-vous de la Vivaldi, le gouvernement fédéral ?
Beaucoup de déception. Ce gouvernement a eu le mérite de traverser des crises inédites (Covid, guerre en Ukraine…, NdlR), pas toujours avec brio, mais sans dégâts majeurs. Par contre, il a été complètement absent du rendez-vous des réformes structurelles dont nous avons besoin pour garantir le bien-être durable de nos populations. Pas de réforme des pensions, pas de réforme fiscale, un plan de relance fait de saupoudrage, une justice dépassée, une insécurité qui n’a fait qu’augmenter, des économies dans la santé, le transport par rail qui ne s’est guère amélioré malgré un ministre Écolo [Georges Gilkinet]… Je comprends Georges-Louis Bouchez [président du MR] quand il dit qu’il n’y a pas grand-chose à défendre comme bilan. Que le président de l’un des principaux partis de cette coalition le confesse, cela dit tout… Maxime Prévot (Les Engagés): "Le MR est isolé. Je ne suis pas son faire-valoir"
Si vous entriez dans le prochain gouvernement fédéral, quelle serait votre première mesure ?
Une grande réforme fiscale et un réinvestissement massif dans la santé.
Ça fait deux.
L’une va avec l’autre. L’une finance l’autre. Nous souhaitons une norme de croissance du budget des soins de santé de 3,5 % par an, faire sauter les quotas Inami, avoir un grand plan de lutte contre le cancer et les maladies cardiovasculaires, un plan d’action massif de rétention du personnel de soin et de revalorisation de leurs métiers… Mais, pour cela, il faut dégager des moyens. Notre réforme fiscale a pour vocation d’augmenter le salaire de ceux qui bossent, de diminuer les charges des employeurs, mais aussi de dégager des moyens pour des politiques qui en ont besoin, comme la santé, la sécurité et la justice.
Votre réforme fiscale comprend 10 milliards d’euros d’économies. Avez-vous identifié les postes où les réaliser ?
On n’a pas encore eu l’occasion d’affiner cela, mais, ce qui est certain, c’est que ce travail va devoir se faire. Quand je dis cela, je suis toujours effrayé d’entendre le bloc de gauche crier à l’austérité. Mais juste tenter d’éviter de vivre au-dessus de ses moyens, ce n’est pas du sang et des larmes, c’est prendre ses responsabilités. Il nous faudra de toute manière réaliser des économies parce qu’on ne réussira pas le défi budgétaire uniquement par la taxation. Les Belges croulent déjà sous l’impôt jusqu’à en vomir et on peut les comprendre. Revalorisation du travail, suppression des droits de succession...Les Engagés déposent un projet de réforme fiscale à plus de 50 milliards d’euros
Est-ce possible de faire autant d’économies sans faire mal aux gens ?
Oui, il est possible d’aller rechercher de l’argent sans faire mal aux gens. Il y a 14 milliards par an qui sont consacrés à subventionner les énergies fossiles, on va devoir progressivement modifier notre logiciel. Le travailleur est plus lourdement taxé que le spéculateur, ce n’est plus admissible. En moyenne, en Europe, 7 % de la TVA échappe au trésor public. En Belgique, c’est 14 %. On ferait l’effort ne fût-ce que de tendre vers la moyenne européenne, on récupérerait 4 à 5 milliards par an. On ne peut pas se permettre que les gens y perdent, sinon on va accroître le sentiment d’injustice et dévaloriser le travail comme le fait le PS avec sa proposition de la semaine de travail de 32 heures payée 38 heures. Nous, centristes, sommes généreux. Mais nous voulons éviter de basculer dans l’assistanat de la gauche.
Il faut agir sur la disponibilité des professeurs. C’est l'une des professions où les burn-out ont le plus explosé, elle est confrontée à des pénuries et même à une crise des vocations.
Des enseignants de tout le pays manifestent ce mardi pour “remettre l’enseignement au cœur des préoccupations”. Ils pointent la pénurie d’enseignants, la taille des classes, la surcharge de travail, etc. Que leur dites-vous ?
Il est essentiel que leur message soit entendu. C’est l’une des professions où les burn-out ont le plus explosé, qui est confrontée à des pénuries et même à une crise des vocations – depuis que les études sont passées à quatre ans, les inscriptions ont chuté de 23 % . Face à ces défis, il faut agir sur la disponibilité des professeurs. Nous préconisons l’intégration dans l’enseignement de personnes qui avaient choisi une autre voie professionnelle. Par exemple, une pharmacienne de 45 ans qui veut devenir prof de chimie. Elle doit pouvoir obtenir de manière plus souple son agrégation, mais aussi que son ancienneté soit reconnue. Comment convaincre des gens avec une expérience professionnelle de combler une pénurie de profs s’ils doivent recommencer leur parcours à zéro ? Ça n’a pas de sens. Deux expériences pilotes sont par ailleurs menées, à Bruxelles et dans la région de Charleroi, sur des pools (des réserves) de professeurs remplaçants. Si ces expériences sont concluantes, il faudra les généraliser. Et faire aussi sauter certaines rigidités, comme la non-reconnaissance de l’ancienneté du professeur quand il change de réseau d’enseignement. On doit passer la vitesse supérieure sur la disponibilité des enseignants.
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