Je suis un maraicher en bio sur petite surface - DMN (AMA)
Je suis un maraicher non mécanisé, qui cultive entre 2000 et 3000m2 de terrain pour produire des légumes bio que je vend sous forme de paniers de légumes (avec ou sans engagement).
Je suis en activité depuis fin 2019, donc j'entame ma cinquième saison. C'est mon activité principale, mais je garde aussi pas mal de temps pour ma vie de famille (j'ai une fille de 2 ans que je garde une partie de la semaine) et pour la rénovation de notre maison.
Je fais ce Demandez Moi N'importe quoi pour ceux qui aurait des questions sur le maraichage et thématiques voisines. Je ferai de mon mieux pour répondre, mais je ne serai évidemment pas toujours objectif, vu que je suis déja dans un modèle très engagé et spécifique ;)
Je commence le post aujourd'hui pour commencer à collecter les questions. J'essayerais d'être présent activement ce mercredi après-midi (le 24/01/24) pour répondre aux questions et que les gens puissent rebondir. Je laisserai le post ouvert après, mais je répondrais quand j'aurais des petits moments de libre.
Voilà, vous pouvez envoyer vos questions !
EDIT : Bon, je suis devant l'ordi cet aprèm (faut que je reprennent les km de notes que j'ai pris cette année), donc je serai bien réactif, hésitez pas pour les questions ;)
EDIT 2 : Bon, c'est fini pour cet aprèm, faut que j'aille chercher la petite. Mais n'hésitez pas à continuer de poster des questions, je répondrais quand j'aurais des moments de libre
Combien de personne peux-tu nourrir avec cette surface ?
Comment as-tu choisi le lieu de ton activité ? (lieu où tu as grandi, région géographique intéressante en prenant en compte les perspective d'avenir)
Est-ce que tu créés des réserves ?
J'aurai bien posé des questions sûrement un peu classique et qui demanderait plus de temps pour y répondre (journée classique, quel type de produit, rotation, etc...) est-ce que tu aurais des ressources à partager qui explique tout ça pour apprendre ?
Sur 2000m2, avec quelques amélioration sur la technique culturale (je gagne en expérience chaque année 😉), je peux produire 30 paniers de légumes de 5-6 kg 40 semaines par an (cette année j’aurais probablement pu en remplir que 27-28). Suivant mes clients, certains prennent 1 panier tout seul, et d’autres 1/2 panier pour 4.
Donc si on prend des gens qui mangent plus de légume que la moyenne des gens, je dirai que 1 panier nourri 2 personnes, soit 60 personnes nourries sur 2000m2, 4/5 de l’année.
Cela étant dis, je ne travaille pas énormément en nombre d’heure. Il pourrait y avoir plus d’heure effectuée sur la même surface et je pense qu’on pourrait augmenter encore la production au m2, et donc le nombre de personnes nourries.
J’ai choisi mon lieu d’activité car la famille de ma femme possédait une parcelle agricole suffisamment grande qui était en friche (et donc convertible en bio immédiatement) ainsi qu’une grange attenante que l’on a pu rénover (et que l’on continue de rénover) pour y habiter. Le lieu cochait pas mal de case, très bonnes terres de vallée, accès à l’eau assez assuré, habitation sur place, lien affectif avec le lieu pour la femme,…
Sur la question des réserves, je suppose que tu parles de bassins ou réserves d’eau ?
Je n’ai pas crée de réserve, j’ai foré un puits qui alimente la ferme, et étant très petit, je n’ai pas besoin de plus. J’ai effectivement pour projet un jour peut être (quand je m’embêterai…) de creuser une mare en bas de la pente de mon champ, là où l’eau ruisselle, afin de crée un endroit avec pas mal de biodiversité.
Hésite pas à poser des questions plus classique, au pire je te dirigerai vers des ressources.
Merci pour tes réponses. Je pensais aux réserves alimentaires. Tu mentionnes que tu produits 4/5 du temps. Est-ce que tu en gardes un peu de côté si jamais il y a un souci. J'avais cru lire qu.il fallait prévoir 3 mois.
J’achète mes semences chez des semenciers bio. C’est beaucoup de travail de faire ses propres semences. Il m’arrive anectodiquelent d’en faire (salades, tomates, fèves, haricots pour l’instant)
Je sème et plante jusqu’à fin novembre . Après ça, il reste quelques semis de fèves, et une plantation de patates nouvelles en janvier. Il reste aussi les récoltes régulièrement pour la commercialisation, mais également nettoyer le champ (enlever les restes de cultures, désherber), préparer les futures planches (ratisser, amener du bois broyé, bâcher), ranger la ferme (matériel, débroussailler les haies, les bords de parcelles et les chemins,…)
Je fais aussi pas mal de bricolage (réparations des serres et du matériel, amélioration de l’espace vente ou des meubles de stockage, de l’espace pépinière,…). Et un des travaux les plus important de l’hiver c’est reprendre toute les notes de l’année, et en tirer des conclusions pour faire le planning de l’année suivante, et commander les semences et conséquence. Côté administratif, je rattrape également le retard accumulé pendant la saison, notamment en comptabilité.
L’hiver c’est certes une période moins stressante (les tâches ne sont pas aussi urgentes qu’en saison), mais on ne s’ennuie jamais dans une ferme 😉
J’ai environ 1/4 de la surface sous serre, soit 500m2, ce qui me permet de commencer la saison plus tôt et de la prolonger plus tard. Pour donner un exemple, 1/4 de mes plants de tomates sont sous serre, et commencent à produire mi-juin, et le reste qui sont dehors commence fin juillet. A moins d’avoir une clientèle très engagée, il est difficile de faire accepter au clients d’attendre fin juillet avant d’avoir des tomates. De même, en janvier et février ainsi que en mai (je ne produit pas en mars et avril), le choix deviendrais très limité en légumes, pas mal de gens se lasserais.
Pour les nutriments dans le sol, je ne travaille pas le sol de façon mécanisé (et donc le seul travail c’est un peu de ratissage), ce qui favorise la vie du sol, et stimule les échanges (le sol est un milieu incroyablement riche, la plupart des nutriments sont déjà présents, mais ne sont rendus disponibles pour les légumes que grâce à la vie du sol). Mon apport principal est le bois broyé, qui nourri cette vie en carbone (la vie sur terre est basée sur le carbone) et la protège des aléas climatiques (sol couvert protège des pluies, effet éponge du bois protège des sécheresses,…). Je n’utilise que un seul engrais sur la ferme, le tourteau de Ricin (origine végétale, autorisé en bio), mais je l’utilise principalement pour son effet anti-rongeur, donc dans les patates et les carottes, même si du coup il m’apporte également quelques nutriments, c’est pas le but principal
Hésites pas à enlever les questions si c'est trop personnelle
Gestion temps libre
Comment équilibres tu ta vie de famille et le maraichage ?
est ce un tier-lieu ?
économie
c'est en amap ? combien de paniers et travailles tu seul ou en lien avec d'autres maraicher.e.s pour une production commune ?
etait ce facile de construire un réseau amap ? Ou de trouver des clients ?
Quel chiffre d'affaire ? Label ? Subventions ? Est ce que tu as fait un emprunt pour aquérir ton terrain ?
Culture
ya t-il des haies ? Un elevage de poule ?
quelles sont les difficultés du maraichage sol vivant (msv) par rapport au maraichage sur motoculteur (mécanisé) ? Est ce adapté pour tout type de sol ? (Ex paillage en milieu humide) Est ce que tu t'es lancé direct sur le msv ou utilisait des machines le temps de faire la transistion et de connaitre ton sol ?
quel intrants utilisent tu ? (Compost dechets vert ? Broyat ?)
climat
Quelles évolutions constates tu par rapport au climat dans ta région ? Qu'en dise les maraichers du coin ?
Installation
Que recommanderais-tu pour s'installer ? Avais tu un terrain avant ta formation bprea ? Comment ça s'est passé ?
Quid des dossiers ? DJA ?
Politique
Quel regard portes tu sur le fnsea ? Confédération paysanne ?
Est tu en lien avec des chasseurs/chasseuses ? Des agriculteurs/agricultrices conventionnels ? Comment ça se passe ?
Et c'est quoi la chose la plus magique que tu ais vu ou qui t'as touché ? T'acceptes des stagiaires sans permis B ? :)
Voilou, bon ça fait surement un peu trop... X)
Edit : ya certaines questions auxquels je pourrait répondre, et c'est très difficile de ne pas répondre. 😁
je me met en retrait. J'interviendrai uniquement sur la formation BPREA (bio) à Brens. :)
Que de questions précises ! On sent quelqu’un qui a déjà réfléchi à un projet d’installation 😉
Je te répond quand j’aurai un peu de temps devant l’ordi, il va me falloir plus qu’une pause toilette pour traiter tout ça 😛
Bon, c’est bon, je prend un peu le temps de te répondre (désolé, j’ai répondu aux autres d’abords parce que je pouvait le faire rapido depuis le portable, mais là, y’a du sujet à aborder;) )
EDIT : Apparemment c’est trop long, je vais splitter en plusierus comm !
Gestion temps libre
Equilibrer vie perso (ou de famille) et maraichage (et plus généralement agriculture) sera toujours un challenge. C’est un métier ou souvent on bosse sur place, et il y a toujours des trucs à faire, et parfois des grosses urgences imprévues. Donc faut savoir s’arretêr à un moment, et garder du temps pour le perso.
Il y a en agriculture,encore plus qu’ailleurs, l’importance de la valeur travail. Le monde agricole se plaint de trop travailler, mais en est aussi très fier. C’est d’ailleurs un des points de tensions entre les vieilles générations et les jeunes installés (y compris en bio), car ces derniers ont plus qu’avant la notion de garder du temps pour le perso.
Dans tout les cas, une installation agricolte va être une épreuve pour le couple/ la famille. Soit on bosse avec son/sa conjoint.e, et donc on a du mal à décrocher de la ferme, et on subit tout les deux le stress lié à une installation agricole. Sinon, le/la conjoint.e ne bosse pas sur la ferme (c’est mon cas), mais ça créer aussi du stress car c’est difficile pour iel de réellement comprendre à quel point la ferme prend une part importante dans le vie de celui/celle qui s’installe. Le plus difficile étant la phase d’installation (généralement entre 4 à 8 ans, suivant les modèles)
En première année d’installation, j’ai bossé en moyenne 80h/semaine (globalement, tout les jours du levé au coucher du soleil, avec pause midi), donc c’est ma femme qui a beaucoup assuré le support domestique, notamment la cuisine.
En deuxième année j’ai pu réduire à 60h/semaine en moyenne, mais notre temps vraiment ensemble n’a pas beaucoup augmenté pour autant, car on a essayé de pas mal avancer sur notre chantier, pour pouvoir aménager avant la naissance de notre fille !
J’ai choisi de faire 2 années assez chargés au début entre autre pour pouvoir atteindre vite un rythme de croisière (même si de fait, je n’ai pas encore réalisé tout les projets que j’avais pour l’installation, la ferme tourne déjà pas mal), afin de pouvoir ralentir à la naissance de notre fille. Donc en troisème année, j’avais réduit à 30-35h en moyenne sur la ferme, et cette (quatrième) année je suis même plutot autour des 25h, le reste de mon temps étant passé à m’occuper de la maison, du chantier (on habite dedans, mais il y a toujours à faire) et de notre fille (qui est en partie gardée par la crèche, et on se partage les créneaux restant avec ma femme.
Tout ça pour dire que oui, on peut être maraicher et garder du temps pour sa famille, mais ça reste une vie bien chargée. Et on peux s’installer plus doucement, mais il faudra plus de temps avant d’atteindre un rythme de croisière (avec la frustration que ça peux engendrer d’avoir un outil de travail pas abouti).
Pour la question tier-lieu, je comprend pas trop la question. Je me considère pas comme un tiers lieu. La ferme et le lieu de distribution sont sur une parcelle bien définie, dédié au travail professionnel (certes à 25m de chez moi), et mon habitation reste dedié au privé (même si parfois les semis envahissent mon entrée ^^ )
Mon système de commercialisation principal est en effet via des paniers sur abonnement, principe de l’AMAP. Je produit assez pour produire 25-30 paniers (normalement largement 30 paniers cette année, en améliorant un peu mes techniques). Mais je n’ai pour l’instant que 20 inscrits. J’ai donc depuis quelques mois ouvert la possibilité de prendre des paniers à la demande (les même paniers, mais payés plus cher, 18€ au lieu de 15€)
Je suis dans un coin rural assez pauvre, et l’agriculture est l’activité principale dans le département. Les gens ne connaissent pas l’AMAP, et sont généralement très frileux pour s’inscrire. Il doit y avoir 3 AMAP dans tout le département, qui sont dans 3 villes importantes (dont je suis éloigné). Une AMAP étant normalement une association de consommateurs qui se constitue, puis cherche des producteurs. Chez moi, c’est moi qui suit au centre de l’AMAP (qui n’est est pas vraiment une), et qui m’occupe d’essayer d’amener d’autres produits (ce qui me fait une charge de travail non négligeable en plus). Trouver des clients et donc un challenge constant pour l’instant, mais j’ai l’espoir que au fur et à mesure des années je soit de plus en plus connu localement, et donc de moins avoir à me soucier de remplir ma clientèle. Pour indication, j’engage les gens sur une durée de 1an (Environ 40 paniers, pause de 2 mois en mars/avril), et je perd généralement 1/3 des clients à chaque réengagement. C’est un turnover assez standard en AMAP. La raison principale étant « trop de légumes » (les gens qui cuisinent pas assez), ou encore le déménagement des clients.
En plus des légumes, on peut donc acheter pain, œufs, farine, huile, conserves, fruits, conserves en bio ainsi que du miel local. Mais pour la partie légumes, tout vient de ma ferme, il n’y a pas de partie achat/revente (ce qui est un engagement de ma part). D’ailleurs, je ne prend pas de marge sur les produits des autres producteurs, c’est de l’entreaide.
Objectif de chiffre d’affaire de 30 clients fois 40 paniers fois 15€/panier soit 18000€. Les chiffres de ventes on été de 10 000€ en année 1, 17000€ en année 2 (avec une part importante de revente, qui m’a demandé beaucoup de travail), 14 000€ en année 3, en j’ai pas encore fais la compta de l’année qui vient de s’achever, mais probablement toujours autour de 13-14 000€.
Je suis certifié AB, je n’ai pas d’autre label.
En subventions pour l’installation et le matériel, j’ai touché la DJA (environ 17000€ quand j’aurais tout touché), une aide à l’installation départementale (8000€), une aide régionale sur le matériel (4800€, principalement pour les serres). Soit près de 30 000€, à comparer a un investissement matériel que j’estime à 35 000€, hors terrain, une fois que j’aurais fini d’investir (il me reste encore un batiment de stockage de légume à construire, que j’estime à 6000€). L’investissement en terrain est de l’ordre de 15 000€, car il est grand (je cultive 2 à 3000m2, mais l’emprise de la ferme est d’environ 5-6000m2 (si on inclue les gros chemins, les zones de stockages matériel, compost, bois, la serre à plant et le batiment de vente). Le terrain fait 1,4ha.
Je touche également annuellement le crédit d’impôt bio (3500€, va passer à 4500€ l’an prochain), ainsi que la PAC (500€ jusuqu’à maintenant, est passé à autour de 3000€ cette année avec la réforme de la PAC, mais va probablement retomber entre 500 et 1000€ quand ça fera plus de 5 ans que je suis installé (donc l’an prochain).
Donc le modèle final, c’est 18000€ de chiffre, 5000€ de subvention et donc idéalement rester en dessous de 8000€ de charge pour avoir un revenu disponible de 15 000€. A comparer avec la situation actuelle ou le chiffre d’affaire est de 13 000€ (la production est là, je manque de clients, c’est le points à améliorer), pour jusqu’à 10 000€ de charges (mais j’achète encore un peu de matos qui va durer longtemps, donc ca va réduire) et 6500€ d’aides, soit 9500€ de revenu disponible (pour 25-30h de travail).
J’ai la grande chance d’avoir eu les ressources financière pour me lancer sans emprunt, ni sur le matériel, ni sur l’achat du terrain. On peut se lancer avec moins d’argent sous la main, mais comme pour tout dans notre système, avoir l’argent au départ ça reste un facteur de réussite non négligeable.
Je ne sais pas si il y a de bonnes ou de mauvaises situations. Je pense que la vie est avant tout faites se rencontres, de gens qui m’ont tendu la main,…
Bref 😉
Ca dépend à qui on demande. Évidemment socialement, c’est pas une bonne situation. Donc belle maman ou beau papa qui étaient contents que leur fille soit avec un ingénieur ou un chercheur, quand celui ci plaque tout pour le maraîchage, ca tire un peu la gueule 😉
Pour moi, une bonne situation, c’est une situation où on est heureux. Je connais des maraîchers heureux, et des maraîchers malheureux, et c’est pas forcément lié à la réussite économique de leur ferme.
En tout cas, moi je suis heureux, j’aime travailler dehors, j’ai un travail qui me plaît, dans lequel je suis totalement maître de mes décisions, et dans un cadre super, et complètement en accord avec mes valeurs. Donc oui, je dirais que pour moi, c’est une bonne situation 😉
La certification bio, qui est payante et relativement contraignante, il me semble, ça t'apporte une vraie plus-value aux yeux des acheteurs ? (Je pense aux producteurs qui sont dans les clous de la méthode bio, mais sans se faire certifier à cause du coût)
Côté économique, j'imagine que ce n'est pas super bien rémunéré. Tu dis que c'est ton activité principale, mais tu as besoin d'une activité secondaire pour boucler les fins de mois, ou ça passe ? Tu conseillerais à de nouveaux entrants dans le domaine de se lancer également dans le maraichage comme toi ?
Quelle est la place du maraichage dans le besoin alimentaire d'un marché comme la France à ton avis ? Pourrait-on encourager ce modèle et nourrir tout le territoire avec suffisamment de maraichers ? Ou bien les grandes exploitations mécanisées restent indispensables pour cela ?
Merci par avance pour tes réponses !
La certification bio m’apporte une plue value quand je fais de la revente, puisqu’elle est exigée pour vendre à des magasins bio (biocoop,…). Pour mes clients c’est certes un argument de vente, mais je suis en vente directe à la ferme, donc même si j’avais pas le label, les gens aurait probablement confiance puisqu’ils voient comment je travail.
Ne pas se certifier, et tout cas sur des modèles maraîcher, pour des questions de coûts est un non-sens. La certification me coûte environ 400€ Par an (pour quelqu’un de plus grand, en maraîchage diversifié ça doit probablement monter à 1000€ max), mais ça donne accès à des aides PAC (100-200€, c’est pas la gloire), ça bonifie les aides à l’installation (la on parle de plusieurs milliers d’euros, suivant région, mais une seule fois), et surtou au crédit d’impôt bio, de 3500€ (bientôt 4500€) par an ! Donc la certification est vite remboursée.
Pour moi, il y a 2 types de maraîchers (je parle de maraîcher, parce que je ne connais pas les coûts de certification de systèmes plus grand comme en grand culture, ni les aides en correspondantes) qui disent être dans les clous mais pas vouloir payer le contrôle bio :
Soit ceux qui sont très engagés, notamment avec déjà une certification nature et progrès (bien plus stricte que la certification AB, et qui a beaucoup plus de sens à mon avis), et qui veulent pas faire la certification AB souvent car ils sont très critiques du laxisme de celle ci.
Soit ceux qui sont “comme en bio” mais qui veulent quand même se laisser la marge de manœuvre de traiter en cas de problème (sachant que en bio on a quand même déjà tout une panoplie de produits qui sont autorisés, même si évidemment c’est plus du désinfectant comparé au napalm que les conventionnels utilisent…)
C’est ma seule activité rémunérée (garder son enfant ou rénover du bâti ancien pour soi même, c’est malheureusement pas rémunéré 😛)
L’agriculture est en effet un domaine où on se lance pas pour gagner beaucoup de sous, encore moins si on veut faire des trucs éthiques. Mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas en vivre décemment. Pour moi, le plus simple pour un nouvel entrant est effectivement de faire un petit modèle (si on a pas de terres et se matériel dont on herite) car ça permet de limiter les investissements. Le maraichage c’est donc un des domaines où c’est faisable sur petites surfaces. Mais on voit aussi des formes d’élevage sur très petites structures, ainsi que des vignerons qui font tout à la main et qui s’en sortent.
Pour donner un ordre d’idée, je produit assez sur mon modèle pour remplir 30 paniers hebdomadaires a 15€ pièce 40 semaines par an. Donc si j’avais 30 clients, ça me ferais 18000€ de chiffre d’affaire, pour en face 9000€ de charges (je pourrait essayer de les squeezer a 8000€ mais pas beaucoup moins, en tout cas pas en cotisant plein pot à la sécu). En rajoutant environ 5000€ d’aide par an (principalement le crédit d’impôt bio, et un peu de PAC) ça donne un revenu disponible de 14 à 15000€, soit pas loin d’un SMIC. (En vrai, actuellement je n’ai pas encore réussi à réunir 30 clients, et donc je suis plus sur un revenu de l’ordre se 800-1000€ par mois)
Je rajouterais que cela ne compte pas les aides sociales, ni les apports en nature (je paye pas mes légumes) ou les avantages du métier (je bosse chez moi, donc pas de frais de déplacement, je suis pas imposé sur mes bénéfices,…)
Par contre, c’est pas le cas de tout le monde, et je connais beaucoup de maraîchers qui galèrent (d’ailleurs un grand nombre de ferme arrêtent dans les premières années). Je dirais que ce qui est important, c’est avant tout de bien avoir réfléchit son modèle au départ, notamment niveau économique (trop de maraîchers ne comprennent rien à la comptabilité), d’être organisé et de suivre son plan (tout en étant capable de s’adapter aux imprévus), mais aussi d’avoir un capital se départ (comme pour tout dans la vie. Un budget microferme en mode “je galère pas trop mais je regarde bien les dépenses” c’est 40000€ matos plus terrain minimum. Et à mon avis, en dessous de 20000€, vaut mieux attendre d’avoir mis des sous de côté plutôt que de galérer avec du matos pourri pendant des années)
On est absolument pas autonome en légumes en France. Au sortir de la guerre, une grande hantise a été se ne plus jamais revivre le rationnement et le manque, et on a donc transformé le système agricole avec pour objectif l’autonomie alimentaire. Sauf que évidemment les gros céréaliers se la Beauce on pris le pouvoir des institutions agricoles et on infléchis les textes directeurs du gouvernement pour que l’autonomie alimentaire soit calculée et calories. Donc maintenant, on surproduit du blé de ouf que l’on exporte, et on est pas du tout autonome en fruits et en légumes, entre autre, mais on considère sur tout va bien. Pour moi, il faut réduire les surfaces en grandes cultures (notamment blé et maïs) pour rééquilibrer la production avec la consommation intérieure.
Je ne pense pas sûr mon modèle soit LE modèle, même si je suis persuadé que l’on pourrait être beaucoup plus sûr ce modèle. Comme pour beaucoup de choses, il n’y a pas LA solution, mes un ensemble diversifié de solutions. Mon modèle, même si très optimisé dans votre système actuel, a quand même des lacunes, et on en verrait les limites à trop grande échelle. Je pense qu’il y a des modèles mécanisés qui sont très bien, et mécanise ne veut pas dire grand. Un maraîcher diversifié bio en mécanise c’est généralement autour de 1ha, ça reste des petites fermes, mais qui peuvent produire efficacement certaines choses qui me demanderai trop de travail à produire en grande quantité (patates entre autre…)
Par contre je pense que les très grands modèles sont à bannir. Le problème actuellement, c’est que les modèles petits à moyens sont coincés car ne pouvant pas être aussi optimisés niveau charges et commercialisation que les très petits, mais ne pouvant pas suivre niveau prix les gros et tres gros modèles. Donc ce qu’on observe, notamment au niveau des terres agricoles, c’est majoritairement un agrandissement des très grosses fermes
, la disparition des fermes moyennes, et l’apparition progressive de quelques très petites fermes qui arrivent à tirer leur épingle du jeu
J'aime travailler dehors. Je pense que c'est le premier facteur qui m'a poussé à la reconversion.
J'aime beaucoup réfléchir à ma plannification, optimiser ma production. Réussir à caser une trentaine de légume en optimisant à la fois la produciton et la place prise, et surtout le temps de travail, c'est un très grand challenge. Je n'ai jamais eu besoin d'autant de technicité et de reflexion que depuis que je fais du maraichage !
J'aime bien pousser des brouettes de bois, mon apport principal. Je les charge pas trop, c'est pas trop physique, c'est répétitif et simple donc je peut me perdre dans mes pensées, et j'ai l'impression de vraiment apporter la vie dans mon champ (le bois est souvent rempli de vers de terres).
J'aime beaucoup toute la partie pépinière. C'est la partie ou on donne la vie, et surtout la partie ou on a pas encore de problème de maladies ou de ravageurs
J'aime bien le fait d'alterner les activités. Du fait de la diversité sur la ferme, il est rare que je fasse plus de 2-3h une activité. Ca permet de ne pas se lasser, et surtout de fatiguer des muscles différents à chaque fois.
Je n'aime pas le fait que parfois, on peut mettre beaucoup de temps de travail sans résultat, sans que ça soit pour autant de notre faute (culture perdue à cause d'un ravageur, aléa climatique, ...), mais j'accepte que ça fait partie du métier. Et j'aime encore moins rater une culture sur laquelle j'ai pas mal travaillé, juste parce que a un des derniers moment clé je n'ai pas eu le temps d'intervenir.
J'aime surtout que mon métier ait un sens. Je touche ce que je produit, je sais pourquoi je travaille (pour nourrir bien une population locale), et j'ai l'impression de gagner honnêtement ma vie.
Je n'aime pas faire trop de manutention. Notamment ranger les grosses récoltes (patates, courges) à la cave, et devoir les ressortir régulièrement (la cave ou je stocke est actuellement assez loin de mon endroit de distribution).
Et étonnamment, je n'aime pas trop la récolte. Beaucoup de gens serait content de récolter le fruit de leur travail, mais pour moi, c'est souvent une étape ennuyeuse, il n'y a plus vraiment de challenge (ça ne va pas s'améliorer), c'est souvent assez physique, et c'est aussi là qu'on se rend compte des mauvaises surprises (bno, on est aussi surpris en bien ;) )
A l'exception de la comptabilité, que je trouve intéréssante (même si c'est pas mal de travail) et très importante, ainsi que reprendre mes notes et réfléchir à la plannification, je n'aime pas le travail administratif. C'est toujours plus long que prévu, et on a pas l'impression d'avoir vraiment accompli quelque chose de concret à la fin
Difficile de définir une journée type, avec autour de 30 légumes différents, et le fait que je fais tout de la graine à la récolte, les journées varient beaucoup (ce qui est un des interêts du métier pour moi).
J'ai plutôt des constantes dans la semaine. Par exemple je distribue mes paniers le mardi soir, donc mardi c'est grosse journée récolte (et parfois dès le lundi après-midi si j'ai beaucoup à récolter).
Ma journée à beaucoup évoluer depuis que je suis Papa. Avant, je commençais dès le lever du soleil, notamment l'été, pour éviter de travailler aux heures les plus chaudes. Mais maintenant, quand je m'occupe de la petite le matin, je ne peux pas commencer avant de l'avoir amener à la crèche, donc généralement vers 8h15. L'hiver, je commence rarement avant 9h, de toute façon il fait nuit (et puis ça reste une saison ou je me repose un peu).
Depuis que j'ai ralentit l'activité, je dirai que je fais des journée de 7-8h maximum, et donc je fini rarement après 18h-18h30, à part le mardi qui est toujours une grosse journée avec une distribution de paniers qui peut m'occuper jusqu'à 19h30-20h
Je suis principalement tout seul sur la ferme, pour toute les activités, incluant la récolte.
J’ai parfois de l’aide d’un·e stagiaire, ou de mes clients ou les parents.
Contrairement à d’autres type d’agriculture moins diversifiés (grande culture, viticulture, légumiers, arboriculture,…) en maraîchage diversifié la récolte est étalée sur toute la saison, avec moins de gros moment de pointe (même si évidemment on récolte plus l’été). Donc pas forcément besoin de main d’œuvre en plus pour gérer ça. Je mettrai quand même deux exceptions : les patates de conservation et les courges sont 2 grosses récoltes ponctuelles, pour lesquelles je demande de l’aide à mes clients, notamment pour éviter trop de manutention tout seul pour moi sur une journée (600Kg pour les patates, entre 600kg et 1,2t pour les courges)
Merci pour le DMNQ !
Je ne m'y connais pas du tout en maraîchage donc j'imagine que les questions me viendront plutôt au fur à mesure de tes réponses mais c'est quoi au juste un maraîcher non mécanisé ? Un maraîcher qui n'utilise pas de tracteur ?
Oui, un Maraicher qui n’utilise pas de tracteur.
La diversité des techniques et types de fermes maraîchères, notamment sur les petites structures, est incroyables. Alors il est souvent difficile de trouver des termes génétiques pour définir des groupes.
Ce que j’appelle non mécanismes, certaines appellent non-travail du sol (mais bon, en vrai quand je récolte mes patates, ou que je retisse une planche, je le travaille un peu le sol …), ou encore maraîchage sol vivant (dénomination à la mode, mais je trouve ça très pédant, ça implique que les collègues mécanise on un sol mort, alors qu’on peut être mécanisé et respecter son sol)
Je vois, merci.
Quel genre d'outil es-tu amené à utiliser qu'un tracteur remplacerait ? Y a-t-il des choses que tu fais qu'on ne pourrait pas faire en maraîchage mécanisé et vice-versa ?
Es-tu enfant d’agriculteurs ou pas du tout ? Si oui, quel est l’avis de ta famille sur ce choix non traditionnel (tu veux pas de grande parcelle, pas de course à l’échalote aux aides pour avoir les dernières outillages et aides) ? Sinon, commment es-tu arrivé à devenir maraîcher ?
Je ne suis pas vraiment enfant d'agriculteur. Mon père, qui n'est pas du tout du milieu, s'était lancé en élevage quelque années dans les années 70, mais il avait du arreter au bout de quelques années (a l'époque, c'était pas très porteur d'être dans des petits modèles proche de la nature). Il m'en a assez peu parlé, et j'ai pas grandi dans ça du tout. On faisait néanmoins un petit potager à la maison (et j'étais le premier à raler de devoir me lever tôt l'été pour ramasser des haricots verts ^^)
Etant étudiant, dans mon groupe d'amis on était pas mal axés écologie, et on dse disait qu'on ferait une ferme ensemble plus tard, mais évidemment, c'était plus une discussion autour d'une bière qu'un véritable projet. Néanmoins, j'aivais déja l'idée que je n'aller pas passer plus de quelques années à bosser derrière un bureau. J'ai donc fini mes études, travaillé 1 an en C.D.D, et profité de la fin de mon C.D.D et donc du chômage pour réfléchir sérieusement à la reconversion, aller travailler dans différentes fermes et voyager un peu. J'ai assez vite choisit des fermes en maraichage, car c'était pour moi un des domaines ou c'était le plus simple de se lancer sans héritage familial en terrain et outillages. J'ai ensuite fais 1 an de formation agricole, principalement pour obtenir un diplôme agricole qui permet d'avoir ce qu'on appelle la "capacité agricole", qui est une des conditions pour toucher la plupart des aides à l'installation.
Mince, j’avais d’autres questions :
Ta conjointe travaille-t-elle en lien avec l’agriculture ou pas du tout ? Comme tu es sur une petite parcelle, es-tu situé dans un village ou totalement perdu loin de tout le monde càd meme pas dans un hameau ?
Ma conjointe ne travaille pas du tout en lien avec l'agriculture. Je lui ai posé la question au début du projet, savoir si ça l'intéresserait d'en faire partie, et pour elle c'était claire, c'est pas son truc !
Elle m'aide ponctuellement pour les grosses récoltes (patates, courges), régulièrement pour la pesée et la distribution, et c'est elle qui gère la plupart de la communication de la ferme (impression de flyers, site internet, charte graphique, ...)
On est à 2km du village, mais à 500m d'un hameau d'une vingtaine de maison et à 200m d'un hameau de 4-5 maisons, et il y a 2 maisons assez proches de chez nous. Donc on est pas complètement perdus. Mais la route est passante, on a tendance à prendre la voiture pour sortir de chez nous (quoique depuis qu'on a investit dans un triporteur, on le prend de plus en plus si c'est juste pour aller au village). Après, le village reste petit et les commerces limités. Pour l'épicerie bio, c'est 15min de route !
Je poste ici les questions posées par @[email protected] sur le post ou j'avais proposé de faire le DMN.
Personnellement je suis très intéressé par les preuves scientifiques et la réalité du terrain pour comparer agriculture traditionnelle/raisonnée/bio etc. au-delà des raccourcis de l’écologie des croyances que je résume en: la nature c’est bien la technologie c’est mal.
En particulier sur les sujets pas assez abordés parce que considérés à tord comme évident à cause nos croyances : le bio est-il meilleur pour la santé (agriculteur et consommateurs)? le bio a-t-il une moindre emprunte carbone? le bio est-il meilleur pour la biodiversité?
Plus prosaïquement, le bio est-il économiquement viable pour l’agricultureur s’il est vendu à un prix accessible à la classe moyenne et/ou populaire ?
(On peut remplacer bio par tout autre système)
Alors oui, il y a souvent des raccourcis (d'un coté comme de l'autre).
Je ne suis pas un scientifique, donc je peux plus donner mon avis en tant qu'agriculteur. Mais je pense qu'il y a déja un certains nombre d'études sur le sujet. L'idéal serait de trouver une méta analyse des études existantes sur le sujet.
Le "bio" est également très vaste. Le label AB est un label qui autorise un certains nombre de produits, et on peut parfaitement conduire une exploitation agricole en AB comme on le ferai en conventionnel, en appliquant les produits indiqués. Il y aura évidemment moins de choix dans les produits (disont pour faire simple que si substances existent pour traiter un ravageur particulier sur un légume, seule la moins nocive sera autorisée en bio), et ceux disponible demanderont plus de précisions, et/ou seront moins efficaces. Donc au niveau reflexion sur le système agricole, le label ne veux pas forcément tout dire. Mais il écarte déja l'utilisation de pas mal de substances vraiment dangereuses (pour le consommateur, l'agriculteur, mais surtout la nature et notamment les cours d'eau).
Pour moi il y a déja pas mal d'études qui ont montré l'impact des produits utilisés en agriculture sur les consommateurs. Les produits bio ont probablement aussi un impact, mais on en utilise moins, et ils sont moins nocifs, y compris pour la biodiversité.
Pour la technologie, le label bio n'est absolument pas anti technologique. Je dirais même plus que au contraire, la restriction des produits pousse à une plus grande technicité pour pouvoir les utiliser de façon plus précise, ou pour pouvoir s'en passer.
Par contre, personnellement je considère effectivement qu'il faut se méfier des promesses de la technologie. Je ne rejette pas toute la technologie (mon programmateur automatisé d'irrigation est un des objets les plus importants de ma ferme), mais on ne compare pas assez le coût de la technologie par rapport à la valeur d'une production agricole. Typiquement, on a mécanisé l'agriculture en promettant des hausses de rendements, et surtout que un.e seul.e agriculteur.ice puisse s'occuper de plus de surface, donc produire plus de produits. Mais pour rembourser l'investissement que représente la mécanisation, faut s'agrandir. Et après, on est trop grand pour les machines qu'on a, donc on investit de nouveau pour des machines plus grandes, qui à leur tour demandes plus de surface pour être rentabilisé, ... etc. On peut donc vite se retrouver dans un système qui demande la croissance infinie, ce qui n'est pas réalisable dans aucun monde (il y a toujours des contraintes à un moment).
Ce qui se passe en réalité, c'est que du coup les fermes moyennes qui n'ont pas les moyens de s'agrandir disparaisse, au profit de quelques giga-fermes, qui ne sont pas forcément plus rentables, mais qui sont plus influentes et arrivent à détourner une majorités des aides vers elles. A l'opposé du spectre, quelques très petites fermes comme moi tirent leur épingle du jeu en prenant le problème à l'envers : pour se payer plus, au lieu de produire plus, on va dépenser moins pour produire autant.
Pour ce qui est de l'emprunte carbone, en collègue chercheur m'avait parlé d'une étude (faudrait la retrouver) qui avait comparé l'emprunte carbonne du bio importé de Pologne par rapport à acheter à un producteur conventionnel local. Et au final, le bio importé de Pologne avait une moins grande empreinte carbone car même si il fallait transporter le produit final, il y avait énormément moins de produits phytosanitaire à fabriquer et transporter jusqu'à l'exploitation. Ca fait réfléchir.
Pour la rentabilité. J'ai donné les chiffres de mon exploitation dans d'autres commentaires. Je rajouterai ici que les paniers à 15€ contienent en moyenne entre 5 et 6kg de légumes, ce qui fait moins de 3€/kg de légumes. Dans mes abonnés, ça va de gens qui possèdent plusieurs entreprises et un chateau à retraités au RSA. J'envoie un SMS avant d'encaisser les chèques pour prévenir mes clients, parce que je sais que j'en aurais au moins 3 ou 4 qui vont me demander d'attendre un peu. Donc je considère que je suis accessible, d'autant plus qu'avec l'inflation de l'énergie, le prix des légumes conventionnels du supermarché son en train de rattraper les miens au galop !
En revenant sur le bio, ce qui me chiffonne, c'est que c'est sur moi, qui m'évertue à faire "mieux" que le conventionnel, que repose la charge. C'est moi qui paye la certification, doit passer du temps à rassembler les papiers et me soumettre au contrôle. Par contre en face, tu peux faire vraiment n'importe quoi (les rares normes existantes sont assez peu controlées en vrai) sans aucun problème. Quand on voit les problèmes actuel engendré sur les ecosystèmes (et je parle pas de sauver 3 ours polaires, je parle de 1/4 des captages d'eau potables qui sont abandonnés car pollués par l'agriculture, et ça ne fait qu'augmenter !), pour moi le label AB, qui est déja très laxiste, devrait être une exigence minimum dans l'agriculture.
Mais pour ça, il faudrait changer de modèle, remettre des frontières aux produits pour interdire d'importer des produits qui ne suivent pas les mêmes normes que les produits locaux. Et pour les histoires de coûts, c'est de toute façon un faux argument. On paye tous, en tant que citoyen, les coûts cachés de l'agriculture conventionnelle, via nos impôts (nettoyage des algues vertes sur les plages bretonnes, traitement des polluants dans les cours d'eaux, nombreux problèmes de santés liées aux pesticides ...), sans compter que le modèle actuel est grandement déficitaire. Les aides PAC couvre non seulement les revenus de beaucoup d'agriculteurs, elles compensent en plus le déficit d'exploitation d'un grand nombre de ferme. Par exemple pour les éleveurs, en moyenne, ça nous couterait moins cher en tant que société de leur dire de rester tranquillement assis chez eux, et qu'on les paient à rien faire (on pourrait même les payer plus que ça serait encore rentable !). Et ça, c'est la vrai violence du monde agricole. Un monde ou beaucoup travaille 80h/semaine pour au final vivre totalement assisté, en sachant que leur travail a une valeur négative ! (pour les chiffres, petit apercu ici : https://www.reussir.fr/aides-pac-et-revenu-des-agriculteurs-les-dix-realites-avoir-en-tete)
Je suis contre tout système d'aide agricole (outre les aides à l'investissement initiale, nécéssaire pour niveler les différences de richesses au départ). Et oui je touche pas mal d'aides, mais c'est parce que le système est fait comme ça, donc je ne vais pas m'assoir sur les aides par défi. Mais si je pouvais, je changerais tout ce système. Pour moi, il faut supprimer la PAC, avoir un niveau d'exigence minimal du niveau du label AB, et obliger tout produit qui rentre sur le territoire à s'y conformer. Et oui, le coût des produits agricoles vont beaucoup augmenter. Donc comment vont faire les classes populaires et moyennes pour y accéder ?! Ben ça tombe bien, on vient d'économiser 10 milliards de PAC (annuellement pour la france), dont on peux se servir pour aider à la consommation. Mais pendant ce temps là, l'agriculteur vivra vraiment de son travail. Une autre piste aussi, c'est que les gens vont devoir réapprendre à dépenser plus pour se nourrir. En 1950, on était à 50% de part du budget pour la nourrirure, dans les années 60, 25% (pas mal de gens sont devenus locataires, donc le budget principal est devenu le loyer), et on est maintenant autour de 8%. 8% des dépenses pour un besoin fondamental qu'est manger, c'est ridicule. Il faudrait donc rerépartir les dépenses. Et là aussi on peut agir en tant que société, notamment sur le loyer, qui est un gros poste de dépenses, notamment pour les revenus modestes. On peut donc réfléchir à un plafonnement plus stricte du loyer, ou même plus globalement une meilleure distribution des richesses (Bernard Arnault est à la tête de plus de 150 milliards d'euros, soit 40 ans d'abonnement à mes paniers pour plus de 6 millions de foyers !)
Bref, comme pour beaucoup de choses, pour changer un pan de la société il va falloir en changer d'autres.
P.S : On notera que la même technique du doute, employé par Phillip Morris et consorts dans le domaine de la clope, est extrêmement bien utilisé pour mettre en doute le bio. L'idée en gros, c'est de financer quelques études qui disent qu'en fait le bio c'est pas si bien, ou que c'est pas mieux pour la santé, etc... Et même si 1000 études en face disent le contraire, on sème quand même le doute dans l'esprit des gens ...
Etant étudiant, dans mon groupe d’amis on était pas mal axés écologie, et on dse disait qu’on ferait une ferme ensemble plus tard, mais évidemment, c’était plus une discussion autour d’une bière qu’un véritable projet. Néanmoins, j’aivais déja l’idée que je n’aller pas passer plus de quelques années à bosser derrière un bureau. J’ai donc fini mes études, travaillé 1 an en C.D.D, et profité de la fin de mon C.D.D et donc du chômage pour réfléchir sérieusement à la reconversion, aller travailler dans différentes fermes et voyager un peu. J’ai assez vite choisit des fermes en maraichage, car c’était pour moi un des domaines ou c’était le plus simple de se lancer sans héritage familial en terrain et outillages. J’ai ensuite fais 1 an de formation agricole, principalement pour obtenir un diplôme agricole qui permet d’avoir ce qu’on appelle la “capacité agricole”, qui est une des conditions pour toucher la plupart des aides à l’installation.
Donc vague idée pendant quelques années d'étude et 1 an de travail, puis 1 an de reflexion et découverte du métier notamment par bénévolat dans des fermes, puis 1 an de formation agricole puis installation automne 2019, pour première production en mai 2020